Sur le mercato des enseignants, les grandes écoles françaises en mal d’atouts

Quand arrive le mois de décembre, les discussions entre amis et collègues s’animent, on y parle de salaires, de primes et du renforcement des équipes afin de les maintenir ou de les élever au meilleur niveau d’une compétition internationale. « C’est le mercato mondial des enseignants-chercheurs », décrit Alice Guilhon, directrice de Skema Business School. Le grand marché de l’enseignement supérieur, où les établissements de toute la planète rivalisent pour composer leurs collectifs et attirer doctorants prometteurs, maîtres de conférences aguerris et professeurs vedettes. Sur les sites de chaque école d’ingénieurs et de commerce, on compte des centaines d’annonces : recherche enseignant-chercheur en cybersécurité, en finance, en intelligence artificielle (IA), en marketing digital…

Pour l’année 2024-2025, sur le site gouvernemental Galaxie, qui recense les offres de postes d’enseignant-chercheur ouverts en France, 2 627 fiches ont été publiées. « Le marché est sous tension en permanence », souligne Delphine Manceau, directrice de Neoma Business School. Idem dans les écoles d’ingénieurs, où de nombreuses procédures de recrutement sont « infructueuses, constate Emmanuel Duflos, directeur de l’EPF et président de la Conférence des directeurs d’écoles françaises d’ingénieurs. Cela peut prendre plusieurs mois pour parvenir à attirer un bon profil ». Les grandes écoles françaises peinent à trouver des enseignants pour leurs élèves pendant que les universités françaises utilisent massivement des vacataires (167 000 pour l’année universitaire 2021-2022, en augmentation constante, soit + 30 % en sept ans) pour assurer leur mission d’enseignement.

Alors que les effectifs estudiantins des universités françaises stagnent en 2024 et que les prévisions sont à la baisse pour 2025, ceux des grandes écoles de commerce (+ 1,8 %) et des établissements d’enseignement privé (+ 3,4 %) augmentent, selon le décompte du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche. Les business schools, comme les écoles d’ingénieurs privées, sont dans une stratégie de croissance. L’Ecole supérieure d’ingénieurs Léonard-de-Vinci comptait 4 100 étudiants à la rentrée 2024, et affiche une croissance annuelle moyenne de 10 %. « Nous avons besoin, chaque année, d’augmenter le nombre de nos enseignants dans la même proportion », souligne Pascal Pinot, directeur de l’établissement. Particulièrement dans les secteurs les plus tendus comme l’IA ou la cybersécurité. Sur dix postes ouverts, en 2024, dans l’école, 20 % n’ont pas encore été pourvus.

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