Dans la diaspora roumaine en Italie, la colère et la frustration après l’annulation des élections

La décision de la Cour constitutionnelle d’annuler le scrutin présidentiel en Roumanie a provoqué la stupeur chez de nombreux ressortissants installés en Italie, dont le vote par correspondance commençait ce vendredi 6 décembre et devait se poursuivre jusqu’à dimanche. Pendant plusieurs heures, certains des 157 bureaux de vote installés dans la Péninsule ont été le théâtre de scènes surréalistes. « On a voté pendant plus de deux heures après la décision de la Cour, car la communication officielle n’était pas encore arrivée aux bureaux de vote », confie Honorius Barnisca, propriétaire d’un magasin de spécialités alimentaires roumaines dans le nord de Rome, venu voter au consulat de la capitale.

« Beaucoup sont venus après la fermeture des bureaux mais voulaient continuer de voter, ils étaient très déçus et très énervés », raconte Nicoleta Epure depuis la province de Vérone. « J’ai ressenti cette décision comme une atteinte à la démocratie, car c’est le vote du peuple qui doit décider de l’avenir de notre pays et non la décision de juges nommés par des politiques », s’insurge cette employée d’un atelier mécanique. « Nous avons toujours voté en nombre aux élections en Roumanie, parce que nous avons laissé là-bas une partie de notre cœur et nos familles. J’espère que, la prochaine fois, on nous laissera choisir un président voulu par le peuple », poursuit avec amertume Mme Epure.

A la frustration d’un processus démocratique entravé s’est rajoutée chez certains la colère, en particulier chez les partisans de Calin Georgescu, le candidat prorusse arrivé en tête au premier tour le 24 novembre, grâce à sa campagne sur TikTok. « Où est le respect de la loi et de la Constitution ? Je suis extrêmement énervée », tempête Florica Tulbure, 42 ans, entrepreneuse dans le digital à Rome. « Ma sœur qui est avocate et connaît le droit m’a dit qu’elle n’avait jamais encore vu cela », précise-t-elle.

Certains n’hésitent pas à surfer sur les thèses complotistes, chères à certains politiques d’extrême droite. « Cette décision de la Cour constitutionnelle, ce sont des fake news, ce n’est pas vrai que l’élection a été annulée », lance ainsi une ressortissante roumaine de Rome qui préfère garder l’anonymat, mais qui jure qu’elle ira voter dimanche à la sortie de la messe.

Dans le camp des proeuropéens, le malaise est palpable. « Cette décision des juges à Bucarest met en colère toute la diaspora, explique Ovidiu Burdusa, propriétaire d’un hôtel à Rome et qui fut secrétaire d’Etat pour les Roumains de l’étranger de 2019 à 2021 sous l’étiquette du Parti national libéral (PNL, centre droit). Le processus électoral aurait dû se poursuivre, je crains que cela ne fasse que renforcer les partis extrémistes. »

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