Nos choix de lecture : « Robert Merle : roman », « Marigold et Rose », « Parias »…

Cette semaine, « Le Monde des livres » vous propose de découvrir Marigold et Rose, l’ultime ouvrage de Louise Glück, Prix Nobel de littérature 2020 ; Robert Merle : roman, une étude littéraire originale signée de l’universitaire et romancière Chloé Thomas ; Champs de bataille. L’histoire enfouie du remembrement, nouvelle enquête dessinée de la journaliste Inès Léraud et du dessinateur Pierre Van Hove ; Départager l’humanité, de François Hartog, essai retraçant, des Grecs jusqu’à nos jours, l’évolution des concepts d’humanisme et d’humanité ; Parias. Hannah Arendt et la « tribu » en France (1933-1941), de Marina Touilliez, qui livre le passionnant récit des huit années que Hannah Arendt passa en France.

HISTOIRE LITTÉRAIRE. « Robert Merle : roman », de Chloé Thomas

Il y a dans Robert Merle : un roman le geste fort d’une universitaire et romancière décidée à ne plus tenir compte des jugements qui divisent haute et basse littérature, en retrouvant le chemin d’ouvrages vendus à des millions d’exemplaires mais délaissés par la critique. A travers ce retour très personnel aux écrits de l’auteur de Derrière la vitre (Gallimard, 1970), un récit sur les étudiants de mai 1968 qui lui a donné le goût de ce romancier dans sa jeunesse, Chloé Thomas tente de rétablir l’image d’un écrivain populaire et exigeant à la fois, s’étant essayé, comme elle, dans une multitude de formes (policier, roman historique, science-fiction, théâtre).

Pour cela, elle redonne vie au genre antique du « dialogue des morts » : elle prend fictivement langue avec un homme appartenant à une autre génération et une autre histoire que la sienne. Il en résulte un objet littéraire étrange, auquel les interventions gouailleuses d’une certaine « Chloé » ajoutent une note d’humour et de gaieté.

Pour Chloé Thomas, Merle fut non seulement un progressiste, mais aussi le porteur d’intuitions géniales. Bien avant Hannah Arendt, son roman de 1952, La mort est mon métier, constitue par exemple une anticipation de la « banalité du mal ». Parce qu’elle croit à la transmission, Chloé Thomas acquitte, avec cette monographie en forme d’hommage lucide, une dette à l’égard d’une œuvre pas toujours bien traitée, et qui ne saurait se réduire au plaisir que les adolescents eurent naguère à la dévorer. N. W.

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