« Culture du viol » dans le « Monde », un concept désormais ancré dans le débat public français

Près de quatre mois d’audience, quatorze semaines précisément. Cinquante et un accusés, tous des hommes. Et une femme, seule, qui a refusé le huis clos et leur a fait face, avec dignité, devant la cour criminelle du Vaucluse. Le verdict dans le procès hors norme des viols de Mazan a été prononcé le jeudi 19 décembre. Dans un ­éditorial du 29 novembre, Le Monde a salué « la leçon de justice de Gisèle Pelicot » : « Exemplaire, ce spectaculaire retournement qui a vu une victime de viols se placer au centre du procès de ses agresseurs au cours d’audiences suivies par les médias du monde entier a déjà suscité de vastes et utiles débats sur la “culture du viol” et la question du consentement. »

De « culture du viol », il a été souvent question dans les colonnes du quotidien du soir ces dernières semaines. La lecture des comptes rendus d’audience rédigés par Pascale Robert-Diard et Henri Seckel, chroniqueurs judiciaires au Monde, illustre combien les avocats ont différemment apprécié ce concept. Maître Stéphane Babonneau, l’un des conseils de Gisèle Pelicot, a vu dans les dénégations de la quasi-totalité des accusés « un mode de défense révélateur d’un phénomène bien plus profond : la culture du viol ». Les avocats de la défense, eux, ont, à l’inverse, invité les juges à ne pas faire de ce procès celui de la culture du viol ou du patriarcat, mais de s’attacher aux seules responsabilités des prévenus.

La controverse s’est aussi invitée dans les pages « Idées » du Monde. L’essayiste Noémie Renard note, le 20 septembre, que Dominique Pelicot « ne semble pas avoir eu de difficultés à trouver des hommes acceptant d’avoir des rapports sexuels avec sa femme inconsciente ». Selon l’autrice d’En finir avec la culture du viol (Les Petits Matins, 2018), ce procès « montre à quel point les violences sexuelles font partie intégrante de notre société (…) et révèle au grand public la prégnance de la culture du viol ». Un concept qu’elle désigne comme « l’ensemble des stéréotypes et faits sociaux qui favorisent le passage à l’acte dans les cas de violences sexuelles et empêchent de les identifier comme tels une fois l’acte commis ».

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