« La guerre mondiale n’aura pas lieu » : un livre contre les discours apocalyptiques ambiants

Livre. Les guerres en Ukraine et au Proche-Orient, ainsi que d’autres conflits, ont engendré un discours empreint de peur : l’humanité, professent les pessimistes, serait à l’aube d’un nouveau conflit planétaire. Dans son dernier ouvrage, La guerre mondiale n’aura pas lieu. Les raisons géopolitiques d’espérer (Odile Jacob, 288 pages, 23,90 euros), Frédéric Encel, spécialiste de géopolitique et maître de conférences à Sciences Po, s’inscrit en faux contre cette posture apocalyptique. Il estime que, si les guerres ne vont pas disparaître, le risque d’un conflit généralisé est, lui, infinitésimal, pour une série de raisons.

Pour commencer, l’auteur déconstruit la théorie, jugée « inepte », du « choc des civilisations » de l’universitaire américain Samuel Huntington (1927-2008) qui, dans les années 1990, prétendait qu’après la guerre froide, les civilisations – appréhendées comme des blocs figés – formeraient le principal clivage des relations internationales. Or elles n’ont jamais déclenché de guerre à elles seules. Même l’opposition entre démocraties et régimes autoritaires, déjà plus pertinente, n’est, selon lui, qu’une variable parmi d’autres des rapports de force internationaux.

Autre motif d’espoir : historiquement, très peu de « régimes » se sont « suicidés ». Certes, il y a quelques contre-exemples – le IIIe Reich et l’organisation Etat islamique ont fait preuve d’une « volonté acharnée de poursuivre coûte que coûte leur entreprise destructrice au péril de leur propre existence » –, mais ils font figure d’exceptions.

Dès lors, poursuit-il, la dissuasion nucléaire change radicalement la donne : la menace d’anéantissement limite le risque de conflit ouvert entre les puissances dotées de l’arme atomique (Etats-Unis, Russie, Royaume-Uni, France, Chine, Inde, Pakistan, Corée du Nord et Israël). Le « piège de Thucydide », une théorie du politiste américain Graham Allison selon laquelle les deux puissances dominantes, à savoir aujourd’hui les Etats-Unis et la Chine, sont poussées à entrer en conflit, a donc peu de chance de se refermer.

Recomendar A Un Amigo
  • gplus
  • pinterest
Commentarios
No hay comentarios por el momento

Tu comentario