Les brèves critiques du « Monde des livres » : Dima Abdallah, Sefi Atta, Silvina Ocampo, Giovanni Testori…

Quatre romans, un récit, un recueil de nouvelles, un portrait, un essai de féminisme et un d’histoire… Voici les brèves critiques de neuf ouvrages notables en cette seizième semaine de l’année.

Il y a quelque chose qui chauffe fort dans le corps du narrateur du troisième roman de Dima Abdallah, D’une rive l’autre. Un feu dont le foyer est un creux laissé béant par une double absence : celle de son père et celle de son pays d’origine, aux abords de la Méditerranée. Adolescent dans les années 1990, il vit seul dans un quartier de la périphérie parisienne avec sa mère, qui passe ses soirées à pleurer, « jamais triste comme il faut ». Le monde écorche le jeune homme. Surtout les mots : ils le « transpercent et sucent [s]on sang ». Seul son ami d’enfance, Elias, grand blagueur sensible, l’aide à tenir.

Et puis il y a Layla. Layla, venue d’un « monde où tout est lumière », à qui le narrateur voue un amour démesuré. C’est avec elle qu’il veut s’enfuir, dans l’espoir d’étouffer la « mauvaise graine » qui lui tord le ventre, le fait pencher irrémédiablement vers la violence. La poésie, donnant forme à l’« indéfinissable », lui sert un temps à maîtriser l’incendie qui le ravage de l’intérieur. Mais l’appel des fantômes est irrésistible, et le voilà en route vers Beyrouth, terre du père disparu, où il découvre la Grande Bleue, qui « à l’aube (…) raconte encore la nuit d’avant, le silence d’avant ».

Le puissant monologue de ce narrateur meurtri nous fait entrer dans le rouge de la plaie initiale, celle des êtres au « sang hybride ». Son phrasé obsessionnel traduit une quête impossible : la recherche des mots qui sauraient dire le mal et, simultanément, du silence qui saurait le faire taire. L. Hu.

Recomendar A Un Amigo
  • gplus
  • pinterest
Commentarios
No hay comentarios por el momento

Tu comentario