Une situation « intolérable », des actes « odieux », une « catastrophe humanitaire inacceptable ». Plus d’un an et demi après la vague d’attaques du Hamas contre Israël, le 7 octobre 2023, qui avait fait quelque 1 200 victimes israéliennes, la riposte et l’intensification des opérations militaires de l’Etat hébreu à Gaza, alors que le bilan de plus de 50 000 victimes palestiniennes ne cesse de progresser, déroutent les dirigeants européens.
Depuis quelques semaines, les capitales européennes ont changé de ton vis-à-vis du gouvernement israélien, sous la pression notamment de leurs opinions publiques, indignées par l’anéantissement de zones d’habitation, l’attaque contre les membres du personnel humanitaire, les journalistes mais également le blocage, puis le déblocage au compte-gouttes et dans le chaos, de l’aide humanitaire à une population palestinienne affamée et forcée régulièrement de migrer d’une zone à l’autre.
Alors que le chancelier allemand, Friedrich Merz, « ne comprend franchement plus ce que l’armée israélienne est en train de faire dans la bande de Gaza », comme il l’a assuré le 26 mai, son ministre des affaires étrangères, Johann Wadephul, assurait le lendemain que l’Allemagne défend « partout le droit international humanitaire ».
Une semaine plus tôt, les ministres des affaires étrangères du Vieux Continent, sur proposition des Pays-Bas, ont majoritairement demandé aux institutions européennes de lancer un examen de l’accord d’association entre l’Union européenne (UE) et Israël, au regard de son article 2, qui précise que les parties à ce traité politico-commercial s’engagent à respecter les droits fondamentaux, et notamment les droits humains.
Si l’Irlande et l’Espagne avaient, dès février 2024, demandé cet examen, soutenu par Josep Borrell, alors chef de la diplomatie européenne, la Commission s’était murée dans le silence. Un an plus tard, la situation a changé, les Pays-Bas, proches d’Israël, ont convaincu les autres Etats, et Kaja Kallas, la successeure de Josep Borrell, a promis de présenter ce travail dès le 23 juin lors du prochain conseil des affaires étrangères européen, ainsi que « certaines options » pour la suite.