Une journaliste zimbabwéenne a été arrêtée mercredi 2 juillet en raison de la publication d’un article satirique critiquant le président Emmerson Mnangagwa. Il s’agit d’une nouvelle attaque contre la liberté de la presse dans le pays, dénoncée par les médias et les défenseurs des droits humains.
Selon les procureurs du Zimbabwe, Faith Zaba, 55 ans, rédactrice en chef du Zimbabwe Independent, était responsable de la publication de l’article, titré « Lorsque vous devenez un Etat mafieux ». « Le contenu de l’article est matériellement faux et conçu pour susciter de l’hostilité à l’encontre du président chez les citoyens du Zimbabwe », a déclaré le magistrat Takudzwa Jambawu.
Son avocat, Chris Mhike, a exprimé son désarroi de la voir passer une seconde nuit en détention – jusqu’à jeudi 3 juillet – en dépit de problèmes de santé. Il dit : « Une prison n’est pas un endroit approprié pour des personnes malades. »
Des défenseurs de droits humains et des médias affirment que le Zimbabwe, bien que formellement une démocratie pluraliste, a intensifié la répression contre la société civile et a instrumentalisé le droit pour faire taire les critiques du gouvernement.
Le Syndicat des journalistes du Zimbabwe s’est dit « profondément préoccupé par la criminalisation du journalisme » et a réclamé la libération immédiate et inconditionnelle de Faith Zaba. « Les commentaires satiriques, qu’ils soient critiques ou humoristiques, sont protégés par la liberté d’expression et ne devraient pas être criminalisés », déplore le syndicat dans un communiqué.
L’Alliance des médias du Zimbabwe a lancé un appel similaire, affirmant que cette arrestation témoigne d’un mépris grandissant pour la liberté de la presse.
Faith Zaba est la dernière en date d’une liste de journalistes poursuivis en justice pour des propos que le gouvernement estime porter atteinte à l’autorité du président, âgé de 82 ans. Cette arrestation s’inscrit dans une tendance du pouvoir zimbabwéen à instrumentaliser le système judiciaire pour museler la presse, a également estimé Amnesty International (AI) dans un communiqué.
Une journaliste avait été arrêtée et détenue pendant plus de soixante-dix jours, accusée d’incitation à la violence après avoir interviewé en février un opposant qui appelait à la démission d’Emmerson Mnangagwa. « Le journalisme n’est pas un crime. Les autorités doivent permettre aux journalistes d’exercer leur mission librement, en toute sécurité et sans crainte de harcèlement, d’intimidation ou de représailles », a réagi Khanyo Farise, représentant d’AI pour l’Afrique australe.
Le Zimbabwe est classé au 106e rang sur 180 pays dans le classement mondial de la liberté de la presse de Reporters sans frontières.