L’attaque ciblée est venue par la voix de Maud Bregeon, porte-parole du gouvernement, lors du point presse suivant le conseil des ministres du 19 novembre, largement consacré au narcotrafic. « C’est parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants », a-t-elle asséné, rapportant les propos du chef de l’Etat. Cette unique référence à une forme de consommation d’élite brouille la réalité d’une diffusion bien plus large des drogues, et de la cocaïne en particulier, dont la vente est l’un des principaux carburants de la richesse des réseaux criminels.
« Banalisation », « normalisation », voire « démocratisation »… Les acteurs de terrain (policiers, magistrats, travailleurs sociaux, acteurs du soin) constatent depuis plusieurs années que ce produit psychostimulant se diffuse « partout » et touche toutes les couches de la société.
Du strict point de vue statistique, l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) estime toujours qu’il y a, en France, cinq fois plus de fumeurs de cannabis que d’usagers de cocaïne. Mais ces derniers sont de plus en plus nombreux, et les écarts se resserrent : en 2023, année de référence de la dernière « Enquête sur les représentations, opinions et perceptions sur les psychotropes », menée par l’OFDT, près d’un adulte sur dix (9,4 %) déclarait avoir consommé au moins une fois de la cocaïne au cours de sa vie, contre 5,6 % en 2017. Un quasi-doublement, en six ans, observé également pour l’usage dit « actuel », c’est-à-dire au moins une fois au cours des douze derniers mois : il a concerné, en 2023, 2,7 % des Français, contre 1,6 % en 2017.