« Cela fait partie de la liberté d’expression que nous chérissons dans l’Union européenne [UE], et qui permet les déclarations les plus folles », a déclaré la porte-parole de la Commission européenne, Paula Pinho, lundi 8 décembre, en réponse aux attaques d’Elon Musk, patron de xAI, maison mère de X, qui estimait que l’Union européenne devait être « abolie » après l’amende de 120 millions d’euros infligée, vendredi, au réseau social en application du règlement sur les services numériques, le Digital Service Act.

« L’UE a infligé cette amende déraisonnable non seulement à X, mais aussi à moi personnellement, avait accusé M. Musk sur X. J’aime l’Europe, mais pas le monstre bureaucratique qu’est l’UE. » « Les commissaires “woke” de la Stasi [police politique de l’ex-Allemagne de l’Est] de l’UE sont sur le point de comprendre toute la signification de l’effet Streisand », avait-il renchéri, en référence à ce phénomène qui veut qu’une information devienne de plus en plus visible à mesure qu’on tente de la censurer. Jusqu’à répondre « c’est à peu près ça » au message d’une utilisatrice comparant l’UE à l’Allemagne nazie et la qualifiant de « 4e Reich ».

En juillet 2024, l’UE avait notifié à X ses griefs, qui portaient, entre autres, sur l’utilisation des coches bleues, modifiée après le rachat de Twitter par un groupe d’investisseurs menés par Elon Musk, en octobre 2022. L’attribution de ce macaron bleu, accolé au nom du compte, survenait jusqu’ici au terme d’un processus de vérification et avait été conçue par les fondateurs de Twitter comme un gage de crédibilité. Mais après la prise de contrôle, les équipes d’Elon Musk ont accordé ces badges aux utilisateurs payants sans distinction, au risque de brouiller la perception des utilisateurs.

La Commission européenne reprochait aussi à X de ne pas communiquer suffisamment d’informations relatives à ses publicités, notamment l’identité de l’annonceur. Autre infraction au règlement européen, l’impossibilité pour des chercheurs agréés d’accéder aux données internes de la plateforme.

La décision de l’UE a suscité de vives critiques au sein de la droite américaine, dont est proche Elon Musk. « L’amende infligée par la Commission européenne n’est pas seulement une attaque contre X, c’est une attaque contre toutes les plateformes technologiques américaines et le peuple américain par des gouvernements étrangers », a ainsi dénoncé le chef de la diplomatie américaine, Marco Rubio.

Dès jeudi 4 décembre, alors que la rumeur d’une amende courait déjà, le vice-président américain, J. D. Vance, avait accusé la Commission de sanctionner X « pour n’avoir pas pratiqué la censure », semblant confondre la décision rendue vendredi avec une autre enquête de l’UE sur les contenus illégaux et la désinformation. « L’UE devrait soutenir la liberté d’expression plutôt que d’attaquer des entreprises américaines pour des idioties », avait-il écrit sur X.

Plusieurs représentants et diplomates européens avaient, en revanche, pris la parole pour défendre l’Union européenne. « L’internationale réactionnaire a beau s’époumoner, nous ne nous laisserons pas intimider, avait réagi le ministre des affaires étrangères français, Jean-Noël Barrot. Chez nous, la transparence s’impose aux grandes plateformes. La règle est la même pour tous. TikTok l’a acceptée, X l’a refusée. La Commission européenne a sévi, elle a bien fait. Et ce n’est que le début. »

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