Le Parti socialiste (PS) sauvera-t-il Sébastien Lecornu ? Le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, a appelé, lundi 8 décembre, ses députés à voter pour le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) afin qu’il puisse être adopté mardi en nouvelle lecture à l’Assemblée nationale. Le texte,- que M. Faure juge « de compromis » -, est menacé de rejet par les refus des républicains (LR) et d’Horizons de le soutenir.

A la veille d’un scrutin qui s’annonce extrêmement serré, le chef de file des socialistes a estimé avoir obtenu « toute une série d’avancées » en « faisant sauter » le gel des pensions de retraite, des prestations sociales, le doublement des franchises médicales… « Le premier ministre s’est engagé [sur la suspension de la réforme des retraites], il s’est montré fiable dans toute la discussion. Je souhaite que nous puissions à notre tour être fiables et faire en sorte que ce budget soit adopté », a-t-il déclaré sur BFM-TV/RMC.

Si le PLFSS n’est pas voté, le gouvernement a maintes fois averti que le déficit de la « Sécu » plongerait autour des 30 milliards d’euros en 2026, contre 23 milliards en 2025. Et Sébastien Lecornu, qui a renoncé à recourir au 49.3 pour faire adopter le texte sans vote, pourrait être tenté – ou contraint – de jeter l’éponge, même si la porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon, a jugé dimanche qu’une démission « n’aurait pas de sens » en l’absence de censure.

Le vote des socialistes et des Ecologistes a pris une importance cruciale avec le refus des Républicains (LR) et d’Horizons de soutenir ce projet de budget, qui ferait, selon eux, trop de concessions à la gauche.

Bruno Retailleau, le patron des Républicains, a dimanche qualifié le budget de la Sécurité sociale de « hold-up fiscal » avec l’augmentation de la CSG, de « hold-up social » sur les retraites et de « hold-up démocratique », car, à ses yeux, « jamais le pays n’a été autant à droite et jamais un gouvernement, une politique n’a été autant à gauche ». « Ce texte n’est pas votable », nos députés « auront le choix de l’abstention ou de voter contre », a-t-il asséné.

Il se retrouve ainsi sur la ligne de l’ex-premier ministre Edouard Philippe. Le maire du Havre, candidat déclaré pour 2027, a jeté un pavé dans la mare en annonçant, qu’« en l’état », le groupe Horizons ne voterait pas ce budget. « Je vais m’abstenir, comme d’ailleurs un grand nombre de parlementaires LR », a confirmé lundi sur TF1 l’ancien premier ministre, Michel Barnier.

En retour, Olivier Faure les a décrits comme « des ingénieurs du chaos ». Bruno Retailleau « finira par être avalé par l’extrême droite », a-t-il prédit. Quant à Edouard Philippe, « que tout le monde présentait comme la sagesse incarnée », « il continue sa lente dérive lui aussi, avec cette idée folle qu’il vaudrait mieux que tout ça s’arrête dans des conditions qui mettraient en danger notre système de protection sociale ».

Sans surprise, l’annonce de M. Faure a fait bondir les Insoumis. Leur coordinateur national, Manuel Bompard, a dénoncé « le changement d’alliance du Parti socialiste » qui valide « six milliards d’euros d’économie sur la santé, une hausse du prix des mutuelles de 1 milliard d’euros, une limitation à un mois des arrêts de travail… » « La trahison est d’avoir voté contre la suspension de la réforme des retraites », a répondu M. Faure.

Réagissant sur France Inter à l’annonce du socialiste, Gabriel Attal, le patron des députés Renaissance, s’est réjoui de l’appel d’Olivier Faure qui « montre que ce travail [parlementaire] a permis de dégager des compromis ». « Il faut qu’on puisse mettre ça derrière nous et commencer à parler d’autre chose », a plaidé M. Attal selon qui les Français commencent à être exaspérés d’entendre « parler matin, midi et soir du budget ». Et M. Faure de pointer un risque de « montée d’antiparlementarisme » paradoxal alors que « pour la première fois depuis 1958, les députés sont vraiment députés » avec l’abandon du 49.3.

Si l’on suit les consignes annoncées pour l’instant par les groupes (qui ne seront cependant pas respectées à l’unanimité au sein de chaque formation), le vote pour (Renaissance, MoDem, PS) regroupe sur le papier quelque 196 voix face à 210 voix contre (LFI, RN-UDR).

Les voix des écologistes, des communistes, du petit groupe LIOT ou même des non-inscrits pourraient donc s’avérer cruciales. A l’intention des écologistes, le gouvernement prévoit d’ailleurs de déposer un dernier amendement mardi pour augmenter l’objectif des dépenses de l’assurance-maladie. Alors que les écologistes avaient voté vendredi contre la partie « recettes » du budget, M. Faure « espère que ce geste du gouvernement les amènera à faire le bon choix ». Si cet amendement est adopté, « ça sera un des éléments importants dans notre décision » sur l’ensemble du texte, a fait valoir à l’Agence France-Presse (AFP) la patronne des députés écologistes, Cyrielle Chatelain.

Même si le vote mardi est positif, les Français n’en auront pas fini avec le budget. Celui de la Sécurité sociale devra faire encore un aller-retour avec le Sénat avant son adoption définitive. Surtout, le projet de budget de l’Etat, encore plus clivant, est, de son côté, toujours en cours d’examen au Sénat.

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