Impossible de le rater : le robinet, que l’on ouvre et ferme une dizaine de fois par jour, trône au-dessus du lavabo comme le nez au milieu de la figure. Il peut, en une courbe ou en un reflet chromé, donner toute son allure à une pièce d’eau. Pas étonnant donc de voir grandes marques et designers s’en emparer. L’une des plus élégantes interprétations est à mettre au crédit de Gio Ponti (1891-1979), figure tutélaire de l’architecture et du design italiens.

En 1953, il sort l’accessoire de son simple rang d’élément de plomberie grâce à un modèle doté d’une ligne basse dessinée au cordeau, faite des angles chers au créateur de la célèbre chaise Leggera pour Cassina (1951) ou de la tour Pirelli à Milan (1960). Sur les poignées, des diagonales se croisent pour former une étoile, destinée à faciliter la prise en main (mouillée) et la rotation. Une manière, pour Gio Ponti, de perpétuer sa vision panoramique de la « maison à l’italienne », lui qui a mis la même fougue créatrice à concevoir des luminaires, une machine à café ou des villas privées.

N’ayant rien perdu de sa modernité, ce robinet vient d’être réédité par le fabricant italien Mamoli, spécialiste de l’univers du bain fondé en 1932. Déclinée en trois teintes (Inox, chromé, laiton brossé), sa géométrie tout en sobriété s’est récemment glissée dans les suites cossues de l’Hôtel Cala di Volpe, en Sardaigne, ou dans les toilettes ultra-chic du restaurant milanais Sogni. Bon à savoir : l’accessoire septuagénaire est désormais équipé d’un réducteur de débit, limitant la consommation d’eau, comme pour accorder son épure formelle à l’actuelle quête de sobriété.