A travers les âges, la malbouffe dit nos inégalités, nos priorités économiques ou nos désirs contradictoires. Si l’objectif principal des premières civilisations urbaines est avant tout la survie, on voit poindre, à partir du néolithique (entre 5 800 et 2 500 ans avant notre ère environ), deux types distincts d’alimentation : de prestige et de subsistance. Cet embryon de hiérarchie culinaire se développe à l’Antiquité pour conduire aux régimes différenciés entre élites et classes laborieuses.
Contrairement à l’image idéalisée des banquets gréco-romains, la majorité des habitants de cette époque mange peu, de façon répétitive et codifiée. Au quotidien, le régime du peuple est quasiment végétarien : pain, fèves, lentilles, huile d’olive. La viande, signe de pouvoir et de virilité, est consommée lors des grandes cérémonies durant lesquelles les animaux offerts aux dieux sont partagés entre les fidèles. Les morceaux nobles vont aux élites ; les pauvres reçoivent les abats ou les parties grasses, moins valorisées.