« La Chair des autres », de Claire Berest, et « Ecrire Mazan », d’Elise Costa : le pourquoi et le comment

Entre septembre et décembre 2024, la romancière Claire Berest et la journaliste Elise Costa ont couvert, l’une pour Paris Match, l’autre pour Slate.fr, le procès des viols de Mazan dont elles livrent aujourd’hui deux récits denses et élégants. D’autres ouvrages sont déjà parus dans la foulée du verdict, mais les propositions de Claire Berest et d’Elise Costa s’en distinguent en posant la question du récit et de ses enjeux – le pourquoi pour la première, le comment pour la seconde – dans le contexte d’une actualité au retentissement historique.

Dans la lignée de L’Adversaire, d’Emmanuel Carrère (P.O.L, 2000), Claire Berest, autrice d’une dizaine de romans, plonge, dans La Chair des autres, aux sources de la violence, de la perversion et du mal, mais aussi de ses propres motivations, creusant « les raisons y compris contradictoires, égoïstes, pernicieuses qui poussent à écrire » sur un tel sujet. Aimantée par cette affaire hors norme, ses 51 accusés et ses milliers de vidéos de viols qui la placent d’emblée dans « une tout autre dimension informative du crime », la romancière tente de dépasser la fascination commune pour les faits divers, à commencer par la sienne. Adolescente, elle dévore les polars de la bibliothèque parentale puis se passionne pour les criminels auxquels elle consacre des fiches classées dans des boîtes à chaussures. Ce qui l’intéresse depuis toujours, c’est le moment de bascule, « cœur noir du fait divers », qu’elle décompose à l’infini dans l’affaire Pelicot, dont le sens et la causalité profonde se dérobent sans cesse à la représentation et donc à l’écriture.

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