Suppression de deux jours fériés : un « symbole de la violence sociale » du budget Bayrou, pour Jean-Luc Mélenchon, « une attaque contre notre histoire », estime le RN

Plus de vingt ans après la conversion du lundi de Pentecôte en journée de solidarité, travaillée mais pas payée, le premier ministre, François Bayrou, a proposé mardi 15 juillet, lors de la présentation de son plan pour le budget 2026, que « deux jours fériés soient supprimés pour tout le pays ». Il a cité le lundi de Pâques et le 8-Mai, tout en se disant « prêt à accepter d’autres idées ». En augmentant la productivité, la mesure rapporterait « plusieurs milliards » au budget de l’Etat.

« Le lundi de Pâques n’a aucune signification religieuse », a rappelé le chef du gouvernement, alors que cette date est fériée dans plus d’une centaine de pays dans le monde. Le 8-Mai, considéré comme l’anniversaire de la victoire des Alliés en 1945, est devenu une journée de commémoration dès 1946, puis férié à partir de 1953 jusqu’en 1959. Le président François Mitterrand l’avait rétabli férié en 1981.

L’idée a aussitôt fait bondir la numéro un de la CGT, Sophie Binet, qui a jugé que supprimer le 8-Mai serait « très grave ». « On ne parle pas de n’importe quoi, on parle de la suppression du 8-Mai, jour de la victoire contre le nazisme. Alors que l’extrême droite est aux portes du pouvoir (…) le premier ministre nous annonce qu’il va supprimer le 8-Mai. C’est extrêmement grave », a-t-elle déploré auprès de l’Agence France-Presse (AFP).

« Le général de Gaulle a supprimé le 8-Mai férié et il me semble qu’il était plutôt investi dans la victoire contre le nazisme », a ironisé sur X le ministre délégué chargé de l’Europe, Benjamin Haddad.

Le patron du Rassemblement national (RN), Jordan Bardella, a critiqué une « provocation » et « une attaque directe contre notre histoire, contre nos racines, et contre la France du travail ». « Aucun député RN n’acceptera » cette proposition, a-t-il prévu sur son compte X.

Pour Jean-Luc Mélenchon, leader de La France insoumise (LFI), cette mesure est le « symbole » de la « violence sociale du plan Bayrou ». « La liste des ponctions sur les acquis de notre peuple est égale à ce que les très riches sont dispensés de payer, estime-t-il dans un message sur X. Les deux jours fériés supprimés égalent le revenu de l’impôt sur la fortune que Macron interdit de rétablir. » « Tout cela mérite une censure sans illusions ni palabres », conclut M. Mélenchon.

François Bayrou a estimé que le « mois de mai [était] devenu un véritable gruyère, où l’on saute de ponts en viaducs de congés ». « Ce sont des propositions, je suis prêt à en accepter ou en examiner d’autres », a-t-il ajouté, lors d’une conférence de presse – boycotté par les syndicats (CFDT, CGT, FO et CFE-CGC) – lors de laquelle il a dévoilé les grandes orientations du budget 2026, casse-tête financier et politique visant près de 44 milliards d’euros d’économies.

La suppression de deux jours fériés « n’est pas du tout la même chose » qu’« une journée de solidarité dont on ne vérifierait pas vraiment si elle est accomplie ou pas, et qui se traduirait uniquement par des prélèvements sur les entreprises », a en outre insisté le chef du gouvernement, disant vouloir « combattre » le « désenchantement face au travail ». « Il faut travailler plus, il faut que toute la nation travaille plus pour produire et (…) pour que la situation de la France s’améliore », a-t-il insisté.

« François Bayrou propose donc que le 8-Mai, qui commémore la victoire contre le nazisme, ne soit plus férié. On doit le comprendre comment exactement ? », a fait mine de s’interroger la chef de file des écologistes, Marine Tondelier.

Le chef de file du Parti communiste (PCF), Fabien Roussel, a, lui, dénoncé sur X un « braquage en bande organisée », avec la volonté de « nous faire travailler gratuitement ». « Supprimer le jour férié du 8-Mai, symbole de la victoire contre les nazis, et remettre en cause notre modèle social hérité du Conseil national de la résistance… Bayrou est assez cohérent, finalement », a écrit sur X Ian Brossat, sénateur (PCF) de Paris.

« Tout ça pour 2 milliards d’euros ?, a réagi de son côté le député LFI Hadrien Clouet. Alors que la seule famille Arnault s’est versé 3,1 milliards de dividendes non taxés en 2024 ? Alors que les actionnaires ont détourné 100 milliards l’année passée ? Que les grandes entreprises ont touché 211 milliards d’aide sans aucun contrôle, soit 60 “journées de travail gratuit au nom de la solidarité” ? Supprimer deux jours fériés, c’est surtout priver des millions de gens de deux moments en famille. » « Réalisons jusqu’où ils sont capables d’aller pour prendre dans nos poches pour donner aux riches », a renchéri Clémence Guetté, députée LFI. « Il faut les arrêter », a-t-elle ajouté.

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