Le président de transition syrien, Ahmed Al-Charaa, disant vouloir éviter une « guerre ouverte » avec Israël, a retiré jeudi 17 juillet ses troupes de la ville à majorité druze de Souweïda.

Ce retrait des forces gouvernementales a lieu après un accord de cessez-le-feu proclamé mercredi. Dans la nuit, Ahmed Al-Charaa a annoncé le transfert « à des factions locales et cheikhs » druzes de la responsabilité du maintien de la sécurité à Souweïda, en proie à des affrontements communautaires depuis dimanche. Dans une allocution télévisée, le chef de l’Etat a justifié sa décision par « la nécessité d’éviter de sombrer dans une nouvelle guerre de grande ampleur ».

Selon l’Agence France-Presse (AFP), l’ordre de se retirer a été reçu peu avant minuit, et les forces gouvernementales ont achevé leur retrait de la ville à l’aube. « La ville de Souweïda semble vide de toute présence des forces gouvernementales », a attesté auprès de l’AFP le rédacteur en chef du site local Suwayda 24, Rayan Maarouf, ajoutant que la situation était « catastrophique, et des corps jonchent les rues ».

Jeudi matin, un photographe de l’AFP présent sur place a compté 15 corps gisant dans le centre de Souweïda. Les forces gouvernementales ont été accusées par des ONG, des témoins et des groupes druzes d’exactions lors des violences qui ont fait plus de 500 morts depuis dimanche, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). Parmi les victimes, 79 combattants druzes et 154 civils de Souweïda, dont 83 personnes « exécutées sommairement par des membres des ministères de la défense et de l’intérieur ».

Les combats qui ont commencé dimanche ont également coûté la vie à 243 membres des forces gouvernementales et à 18 combattants bédouins, outre trois membres de tribus bédouines « exécutés sommairement par des combattants druzes », selon l’ONG. Par ailleurs, 15 membres des forces gouvernementales ont été tués dans des frappes israéliennes.

Des affrontements entre des tribus bédouines sunnites et des combattants druzes, une minorité issue de la branche ismaélienne du courant chiite, ont éclaté, dimanche, dans la province de Souweïda à la suite de l’enlèvement d’un marchand de légumes druze. Le gouvernement syrien a déployé mardi des forces dans la région dans l’objectif affiché de rétablir l’ordre. Mais l’OSDH, des témoins et des groupes druzes l’ont accusé de combattre les factions druzes.

Assurant vouloir défendre les Druzes, Israël a frappé Damas, la capitale syrienne, mercredi, ainsi que, pour la troisième journée d’affilée, Souweïda. L’Etat hébreu affirme qu’il ne permettra pas une présence militaire dans le sud de la Syrie, près de sa frontière, alors qu’il considère avec méfiance le pouvoir islamiste syrien.

Pour Benyamin Nétanyahou, le cessez-le-feu a été « obtenu par la force. Pas par des demandes, pas par des supplications – par la force », a-t-il affirmé jeudi dans une vidéo diffusée par son bureau.

Dans son discours de jeudi, Ahmed Al-Charaa a accusé Israël d’avoir contribué à « l’escalade » et salué au contraire « l’intervention efficace de la médiation américaine, arabe et turque, qui a sauvé la région d’un sort inconnu ». Le président syrien n’a pas précisé quels pays arabes étaient intervenus dans la médiation.

La porte-parole du département d’Etat américain, Tammy Bruce, avait appelé mercredi le gouvernement syrien à quitter la zone de conflit dans le sud du pays afin d’apaiser les tensions avec Israël.

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