Donald Trump riposte en justice. Le président américain réclame au moins 10 milliards de dollars (quelque 8,6 milliards d’euros) dans une plainte pour diffamation déposée, vendredi 18 juillet, contre le Wall Street Journal et son patron, Rupert Murdoch, au lendemain de la publication d’un article lui attribuant l’écriture d’une lettre salace adressée au financier et délinquant sexuel Jeffrey Epstein, ce que le républicain nie.
Le locataire de la Maison Blanche est empêtré depuis plusieurs jours dans cette affaire, qui fait l’objet d’une multitude de théories complotistes, et sur laquelle il avait juré de faire toute la lumière. Elle a connu un nouveau rebondissement jeudi avec un article du Wall Street Journal selon lequel Donald Trump avait adressé en 2003 un message d’anniversaire à Jeffrey Epstein, accompagné d’un dessin à connotation sexuelle et d’une allusion à des secrets partagés entre les deux hommes.
Confirmant avoir porté plainte contre le journal, Donald Trump, en croisade contre les médias traditionnels depuis son retour au pouvoir, a dénoncé un « “article” mensonger, malveillant, diffamatoire et totalement FAKE NEWS, paru dans le “torchon” inutile qu’est le Wall Street Journal ».
Outre le prestigieux quotidien et Rupert Murdoch, cette plainte vise aussi deux de ses journalistes.
Ils « ont inventé cette histoire pour ternir la réputation et l’intégrité du président Trump, et le présenter de manière trompeuse sous un jour mensonger », peut-on lire dans la plainte déposée auprès d’un tribunal fédéral de Miami, en Floride, et consultée par l’Agence France-Presse (AFP).
Donald Trump a démenti les informations du Wall Street Journal. Il avait prévenu Rupert Murdoch, fondateur de News Corp, maison mère du quotidien, de son intention de porter plainte.
Le Wall Street Journal a affirmé vendredi qu’il « se défendrait vigoureusement » contre Donald Trump. « Nous avons toute confiance dans la rigueur et l’exactitude de nos informations, et nous nous défendrons vigoureusement contre toute attaque en justice », a déclaré un porte-parole de Dow Jones, le groupe propriétaire du média, dans un communiqué.
Dans le même temps, le ministère de la justice a demandé à un tribunal fédéral d’autoriser la publication des documents judiciaires ayant conduit à l’inculpation de Jeffrey Epstein pour trafic sexuel de mineures en 2019. Le président américain en avait donné l’ordre la veille à sa ministre, Pam Bondi, en réponse aux critiques de certains de ses partisans, qui l’accusent de vouloir étouffer la polémique.
Jeffrey Epstein n’a jamais été jugé pour ces faits : le riche financier avait été retrouvé mort dans sa cellule de prison peu de temps après son inculpation.
Interrogé vendredi à la Maison Blanche pour savoir s’il comptait réclamer la publication d’autres documents liés à Jeffrey Epstein, le milliardaire de 79 ans n’a pas répondu.
Jeffrey Epstein a été arrêté et inculpé en juillet 2019 pour trafic sexuel de mineures et association de malfaiteurs en vue de commettre cette infraction. La mort de cet ami des stars et des puissants, retrouvé pendu dans sa cellule à New York un mois plus tard, avant donc d’être jugé, a alimenté nombre de théories complotistes selon lesquelles il aurait été assassiné pour empêcher des révélations impliquant des personnalités de premier plan. Il avait déjà été condamné à une courte peine de prison en 2008, notamment pour avoir recruté une mineure à des fins de prostitution.
Le dossier embarrasse le président américain auprès de sa base. Des figures proches du mouvement trumpiste MAGA (Make America Great Again, « rendre sa grandeur à l’Amérique », en français) militent depuis des années pour la publication d’une supposée liste secrète de clients de Jeffrey Epstein.
Mais le 7 juillet, le ministère de la justice et la police fédérale, le FBI, ont établi dans un rapport commun qu’il n’existait pas de preuve de l’existence d’une telle liste ou d’un chantage envers certaines personnalités. Des annonces qui ont entraîné un déferlement de messages furieux venant de comptes MAGA sur les réseaux sociaux.
Donald Trump, qui a été proche de Jeffrey Epstein jusqu’au milieu des années 2000, s’en est ouvertement agacé. Il a qualifié cette frange de ses partisans de « stupides » et leur a demandé de passer à autre chose, tout en accusant l’opposition démocrate d’avoir organisé une campagne visant à le mêler à l’affaire.
L’article du Wall Street Journal ne risque pas de l’enterrer. Le quotidien affirme que, pour un livre d’or destiné à Jeffrey Epstein à l’occasion de son 50e anniversaire, sa compagne Ghislaine Maxwell avait sollicité plusieurs dizaines de ses proches, dont Donald Trump, alors magnat de l’immobilier.
La lettre au nom de Donald Trump comporte plusieurs lignes de texte dactylographié entourées d’un croquis de femme nue avec sa signature évoquant une toison pubienne, selon le journal. « Joyeux anniversaire – et que chaque jour soit un autre merveilleux secret », affirme aussi avoir lu le Wall Street Journal, qui ne reproduit pas la lettre.