La défense civile locale a affirmé que 39 Palestiniens « qui attendaient de l’aide humanitaire » avaient été tués, samedi 19 juillet, près de deux centres d’aide, l’un au sud de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, et l’autre au nord de Rafah, par des « tirs israéliens », selon son porte-parole, Mahmoud Bassal, à l’Agence France-Presse (AFP). Il a également fait état de plus de 100 blessés.

Plus tôt, il avait fait état de 32 morts et plus de 100 blessées près d’un centre au sud de Khan Younès (sud) et près d’un autre au nord de Rafah.

Les tirs ont eu lieu à proximité de centres de distribution d’aide humanitaire gérés par de la Gaza Humanitarian Foundation (GHF), soutenue par les Etats-Unis et Israël, selon la même source. Interrogée par l’AFP, l’armée israélienne a déclaré avoir identifié dans le secteur de Rafah des « suspects » qui se sont approchés de soldats. Ils n’ont pas obtempéré aux appels à quitter les lieux et les soldats ont ouvert le feu en guise d’avertissement, a précisé l’armée, ajoutant avoir reçu des informations sur des victimes. « Nous examinons [les circonstances de] l’incident » qui s’est déroulé la nuit à environ un kilomètre du centre d’aide fermé à ce moment-là, selon l’armée.

« Nous avons averti à plusieurs reprises les personnes en quête d’aide de ne pas se rendre sur nos sites pendant la nuit et tôt le matin », a déclaré la GHF sur X, faisant état de « fausses » informations sur des morts près de ses sites.

Un témoin a raconté à l’AFP s’être rendu avant l’aube avec cinq membres de sa famille pour chercher de la nourriture dans l’un de ces centres, lorsque des soldats israéliens ont commencé à tirer, selon lui. « Nous n’avons rien pu avoir, a affirmé Abdelaziz Abed, 37 ans. Chaque jour, je m’y rends mais nous ne recevons que des balles. » Trois autres témoins ont également accusé les soldats d’avoir ouvert le feu.

La GHF a commencé ses opérations à la fin de mai, après un blocus humanitaire total de plus de deux mois imposé par Israël en dépit des avertissements de l’Organisation des Nations unies (ONU) et d’ONG sur un risque imminent de famine à Gaza. M. Bassal avait fait état vendredi de la mort de 10 personnes, dont neuf près d’un centre de la GHF, tués, selon lui, par des tirs israéliens dans le sud et le nord du territoire.

Ailleurs dans le centre de la bande de Gaza, la défense civile a fait état de douze morts dans une frappe contre une maison à Nousseirat. Compte tenu des restrictions imposées aux médias par Israël, qui assiège Gaza, l’AFP n’est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les bilans et affirmations des différentes parties.

Les quelque 2 millions de Palestiniens assiégés par Israël à Gaza sont au bord de la famine après près de deux ans de conflit, déclenché par une attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas sur le sol israélien le 7 octobre 2023.

L’ONU et des ONG humanitaires refusent de travailler avec la GHF, organisation au financement opaque, en raison de préoccupations concernant ses procédés et sa neutralité. Après plusieurs semaines marquées par des scènes de chaos et des informations quasi quotidiennes faisant état de Palestiniens tués en attendant de l’aide, la GHF a reconnu la mort mercredi de 20 personnes dans une bousculade sur l’un de ses sites. En début de semaine, l’ONU a précisé avoir recensé 875 personnes tuées en tentant de se procurer de la nourriture depuis la fin de mai, dont 674 « à proximité des sites de la GHF ».

L’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) a assuré, samedi, disposer de stocks alimentaires suffisants pour toute la bande de Gaza pendant plus de trois mois. « Ouvrez les passages, mettez fin au blocus, et laissez l’UNRWA accomplir sa mission », a-t-elle écrit sur X.

« Nous alertons sur le fait que des centaines de personnes, dont les corps sont complètement décharnés, sont désormais en danger de mort imminente », a déclaré vendredi le docteur Sohaib Al-Hums, directeur de l’hôpital de campagne koweïtien situé dans la zone d’Al-Mawassi, à Khan Younès. Il a ajouté que son établissement recevait « des patients souffrant d’épuisement extrême, de fatigue généralisée, ainsi que de cachexie [amaigrissement extrême lié à une dénutrition] et de malnutrition aiguë dues à une privation prolongée de nourriture ».

L’ONG Médecins sans frontières a mis en garde la semaine dernière contre une hausse inquiétante de la malnutrition aiguë, évoquant des niveaux « sans précédent » dans deux de ses structures à Gaza.

Lors d’une conversation téléphonique avec le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, vendredi, le pape, Léon XIV, a exprimé « sa préoccupation face à la situation humanitaire dramatique » à Gaza et appelé à « redynamiser les négociations » en vue d’un cessez-le-feu. Les négociations indirectes entre le Hamas et Israël en vue d’une trêve sont dans l’impasse, la branche armée du Hamas accusant vendredi Israël de les bloquer.

L’attaque du 7-Octobre a entraîné du côté israélien la mort de 1 219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir de données officielles. Israël a juré de détruire le Hamas et a lancé en représailles une offensive destructrice dans laquelle au moins 58 765 personnes, majoritairement des civils, ont été tuées, selon des données du ministère de la santé à Gaza, jugées fiables par l’ONU.

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