La France demande que « la presse libre et indépendante puisse accéder à Gaza pour montrer » ce qu’il se passe dans le territoire en danger de famine, après vingt et mois mois d’offensive, a déclaré mardi 22 juillet le ministre des affaires étrangères français, Jean-Noël Barrot.
« Nous avons l’espoir de pouvoir faire sortir quelques collaborateurs de journalistes dans les prochaines semaines », a dit le ministre sur France Inter, interrogé sur le cas de plusieurs collaborateurs de l’Agence France-Presse (AFP) sur place qui se trouvent dans « une situation effroyable », selon la direction de l’agence. « Nous y consacrons beaucoup d’efforts », a assuré le ministre, qui s’exprimait de l’est de l’Ukraine où il est en déplacement.
« Depuis des mois, nous assistons, impuissants, à la détérioration dramatique de leurs conditions de vie. Leur situation est aujourd’hui intenable, malgré un courage, un engagement professionnel et une résilience exemplaires », affirmait un communiqué de l’AFP lundi, tandis que la Société des journalistes (SDJ) alertait du risque de les « voir mourir ».
Israël accuse le Hamas d’instrumentaliser la souffrance des populations dans la bande de Gaza. « Au lieu d’accepter un cessez-le-feu, le Hamas mène une campagne de propagande mensongère sur Israël. Parallèlement, il agit délibérément pour accroître les tensions et nuire aux civils qui viennent recevoir l’aide humanitaire », a écrit lundi le ministère des affaires étrangères israélien sur le réseau social X. « Le Hamas est le seul responsable de la poursuite de la guerre et des souffrances des deux camps », selon le ministère.
Vingt-cinq pays, dont le Royaume-Uni, la France, le Canada et le Japon, ont appelé à mettre fin « immédiatement » à la guerre à Gaza dans une déclaration commune publiée lundi.
« Depuis que l’AFP a été fondée, en août 1944, nous avons perdu des journalistes dans des conflits, nous avons eu des blessés et des prisonniers dans nos rangs, mais aucun de nous n’a le souvenir d’avoir vu un collaborateur mourir de faim », rappelait la SDJ de l’AFP lundi.
L’Organisation des Nations unies (ONU) et des ONG font régulièrement état d’un risque de famine dans le territoire palestinien assiégé par Israël après plus de vingt et un mois de conflit, déclenché par une attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas sur le sol israélien le 7 octobre 2023.
« Parce que la liberté de la presse et le droit d’informer sont aussi des piliers de nos démocraties », a déclaré la commissaire européenne chargée de la gestion des crises, Hadja Lahbib, « Israël doit laisser la presse faire son travail et garantir son accès. Les journalistes et les civils ne peuvent pas, et ne doivent pas, être des cibles ».
L’ONG Reporters sans frontières affirmait le 7 mai que « l’armée d’Israël a tué près de 200 journalistes, dont au moins 44 dans l’exercice de leurs fonctions », dans la bande de Gaza.
M. Barrot a également condamné « avec la plus grande fermeté » la « déplorable » extension de l’offensive israélienne à Gaza lancée lundi, « qui va aggraver une situation déjà catastrophique ». « Il n’y a plus aucune justification aux opérations militaires de l’armée israélienne à Gaza », a-t-il dit. La France appelle au « cessez le feu immédiat, à la libération de tous les otages du Hamas, qui doit être désormais désarmé, et à l’accès sans aucune entrave de l’aide humanitaire à Gaza ».
L’armée israélienne a étendu lundi son offensive dans un nouveau secteur de la bande de Gaza, à Deir Al-Balah, dans le centre du territoire palestinien, et entend agir dans des zones où elle n’était jamais allée ces vingt et un derniers mois, sommant les habitants d’évacuer les lieux. Le haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Volker Türk, a alerté sur le risque « extrêmement élevé » de violations graves du droit international provoquées par cette extension. La défense civile de Gaza a par ailleurs annoncé que des frappes israéliennes avaient fait 15 morts mardi.
La situation humanitaire à Gaza continue de se dégrader, avec des journalistes et des civils pris au piège. Les appels internationaux se multiplient pour garantir la sécurité des professionnels de l’information et permettre une couverture indépendante du conflit.
L’ONG Handicap International a alerté aussi mardi sur la situation des travailleurs humanitaires « à bout de forces ». « Privés de nourriture, d’eau, de médicaments et de carburant, ils peinent à poursuivre leurs activités essentielles », dit-elle dans un communiqué. « sans réponse immédiate, c’est l’ensemble de la chaîne d’aide humanitaire qui risque de s’effondrer ».