Sur la terrasse ensoleillée d’un café du Vieux-Port, à Marseille, Fatou Lo, 27 ans, semble apaisée. Quand on lui demande de raconter son histoire, de ses premiers pas, à Dakar, jusqu’à sa prochaine remise du diplôme de master « instrumentation, mesure, métrologie », à Aix-Marseille Université, la jeune femme prend sa respiration et plonge plusieurs années en arrière dans sa mémoire. D’une voix dont le timbre tressaille, elle avoue : « Je n’ai pas réussi mon école primaire. »
Née cité Lamy, un quartier de la ville de Thiès, à l’est de la capitale sénégalaise, Fatou est la première-née d’une fratrie de quatre enfants – elle a deux frères et une sœur. Avec une mère infirmière et un père ingénieur en génie civil, la famille dispose de revenus mensuels très confortables (près de 1 000 euros). C’est à Pikine, près de Dakar, que Fatou, enfant, suit l’enseignement primaire. « J’étais une élève moyenne », se souvient-elle. La pression familiale ne tarde pas : « Ma mère me soulignait que j’avais les meilleures conditions pour réussir scolairement. Mon père me répétait que j’étais l’aînée, que j’avais le devoir de donner l’exemple à mes cadets. » L’injonction de réussite ne cessera jamais.