Peter Handke n’aime pas parler de son travail d’écrivain. Il n’apprécie d’ailleurs guère le mot « travail », au sens besogneux du terme. Il préfère celui de « profession », qu’il trouve très beau, sans doute pour son rapport direct à l’expressivité – « Je professe ! », dit-il en riant. Entrer dans l’œuvre de cet immense écrivain autrichien, né en 1942, Prix Nobel de littérature 2019, c’est s’aventurer dans une expérience littéraire pleine de secousses et d’éblouissements, qui comprend de grands récits épiques (Par une nuit obscure je sortis de ma maison tranquille, Gallimard, 2000), des pièces de théâtre (Par les villages, Gallimard, 1983), ou encore de nombreux carnets (Hier en chemin, Verdier, 2011), dans lesquels Handke explore scrupuleusement le quotidien, source d’innombrables découvertes intérieures.
C’est dans sa maison de Chaville (Hauts-de-Seine), où il vit depuis 1991, qu’il a accepté de recevoir Le Monde. Condition de l’entretien : « Pas d’actualité », prévient-il d’emblée. Peut-être pour éviter de revenir sur le soutien qu’il a apporté, pendant les guerres de Yougoslavie (1991-2001), au dirigeant serbe Slobodan Milosevic, pourtant mis en examen pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocide.