En lettres de lumière, le mot « Chevalier » apparaît sur la scène du Stade de France. Après quoi la robe de Beyoncé, constellée de 35 000 LED, se pare de bleu blanc rouge. A la fin des trois concerts que la superstar a donnés, fin juin, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), la scène s’est répétée, immuable. L’Américaine aime braquer les projecteurs sur des figures afro-descendantes qu’elle juge injustement invisibilisées. Cette fois, c’est donc à un Français qu’elle a rendu hommage, le Chevalier de Saint-George, dont elle a greffé le Concerto pour violon en ré majeur, op. 3, à sa ballade Daughter.

Car, s’il fut célébré de son vivant, au XVIIIe siècle, ce compositeur, violoniste, escrimeur et militaire a ensuite sombré dans l’oubli. Serait-ce, comme le soupçonnent ses admirateurs, parce qu’il était métis, né en Guadeloupe d’un planteur blanc et d’une esclave noire ? D’autres, sceptiques devant l’effet de mode dont commencent à bénéficier ses compositions, inversent la question : jouerait-on autant sa musique aujourd’hui si elle avait été écrite par un Blanc ? La fameuse séparation de l’homme et de l’artiste trouve là un cas d’école, accentué par les fantasmes que suscite la vie du Chevalier, pleine de zones d’ombre, faute d’archives solides.

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