Le premier ministre hongrois, Viktor Orban, a vivement critiqué, lundi 28 juillet, l’accord conclu dimanche entre l’Union européenne (UE) et les Etats-Unis sur les droits de douane, le jugeant « pire » que celui obtenu en mai par le Royaume-Uni. « Ce n’est pas Donald Trump qui a conclu un accord avec Ursula von der Leyen, c’est plutôt Donald Trump qui a mangé Ursula von der Leyen au petit déjeuner », a lancé le dirigeant hongrois sur un live Facebook animé par le porte-parole de son parti.
Les Etats-Unis et l’UE sont parvenus à un accord commercial prévoyant des droits de douane de 15 % sur les exportations européennes, a annoncé, dimanche 27 juillet, le président Donald Trump, à l’issue d’une rencontre avec la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, à Turnberry, en Ecosse. Un peu au-dessous des 20 % annoncés initialement par Donald Trump le 2 avril, lors de son « Liberation Day », et qui avaient sidéré les Européens.
« Je suis sûr à 100 % que cet accord est meilleur qu’une guerre commerciale avec les Etats-Unis », a, pour sa part, souligné le commissaire européen chargé du Commerce, Maros Sefcovic, devant la presse à Bruxelles. « C’est clairement le meilleur accord que nous pouvions obtenir dans des circonstances très difficiles », a-t-il insisté.
Ce taux général de 15 % doit s’appliquer notamment au secteur automobile, frappé aujourd’hui par des taxes de 27,5 % à l’entrée sur le territoire américain, et aux semi-conducteurs. Selon Mme von der Leyen, les produits pharmaceutiques sont également couverts, alors même que M. Trump avait fait savoir, lors des premiers échanges entre les deux dirigeants, qu’il ne souhaitait pas les inclure dans l’accord.
L’UE s’est aussi engagée à 750 milliards de dollars (638 milliards d’euros) d’achats d’énergie sur trois ans et à investir 600 milliards de dollars supplémentaires aux Etats-Unis, selon le président américain, qui s’est entretenu avec la dirigeante européenne pendant une heure.
Cela permet d’« éviter une escalade inutile dans les relations commerciales transatlantiques », avait déclaré dimanche le chancelier allemand, Friedrich Merz. « Nous avons ainsi pu préserver nos intérêts fondamentaux, même si j’aurais souhaité davantage d’allégements dans le commerce transatlantique », a précisé dans un communiqué le chancelier alors que les Etats-Unis sont le premier partenaire commercial de l’Allemagne.
« L’accord entre l’UE et les Etats-Unis met un terme à une phase d’incertitude et évite une guerre commerciale. Nous examinerons tous les détails », a écrit sur le réseau social X Antonio Tajani, chef de la diplomatie italienne. Même réaction de la cheffe du gouvernement, Giorgia Meloni, en visite en Ethiopie pour un sommet de l’ONU sur la sécurité alimentaire. « Je considère comme positif qu’il y ait un accord, mais tant que je ne vois pas les détails, je ne peux pas formuler un jugement meilleur », a-t-elle dit à Addis-Abeba, citée par les médias italiens. « Une escalade commerciale entre l’Europe et les Etats-Unis aurait eu des conséquences imprévisibles et potentiellement dévastatrices », a par ailleurs jugé Mme Meloni.
Le premier ministre socialiste espagnol, Pedro Sanchez, a affirmé quant à lui qu’il « [soutenait] » l’accord, mais « sans aucun enthousiasme ». « J’apprécie l’attitude constructive (…) qu’a eue la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui a négocié cet accord avec le président américain Donald Trump », a-t-il précisé.
Pour le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, cet accord « mènera à une poursuite de la désindustrialisation de l’Europe, à un mouvement des investissements de l’Europe vers les Etats-Unis et, bien sûr, cela sera un coup très dur ».