Dans la soirée du 25 septembre 2015, Caroline Puig-Grenetier, documentariste, revient d’un tournage sur le transhumanisme. Elle décide de passer voir son cheval, Another Dream, dans son écurie près de Saint-Etienne, où elle habite. En le menant au paddock, elle le sent nerveux. Galoper lui fera du bien. A peine entré dans le pré, l’animal se retourne brusquement. Le coup de sabot part. Un voisin la voit s’effondrer, tête la première, et appelle les pompiers. La quinquagénaire, d’ordinaire plutôt « douillette », ne ressent rien. Aucune douleur. Pourtant, elle est polyfracturée. L’un de ses yeux a glissé au milieu de sa joue. La partie basse de son visage n’existe plus.

Après quatorze heures d’opération, elle prend la mesure de sa nouvelle présence au monde. « Je ressemblais à Elephant Man », se souvient-elle, évoquant le personnage défiguré du film de David Lynch (1981). D’abord, le soulagement d’avoir survécu prend le dessus. Mais, très vite, le miroir devient une épreuve. Les « t’es jolie » de son compagnon sonnent creux, jusqu’à devenir insupportables. « Je ne voulais plus qu’on m’approche, physiquement », se remémore-t-elle. Elle finit par le quitter, préférant se reconstruire seule, mais avec l’aide précieuse de sa fille et du corps médical. « Mon chirurgien a presque fait de la magie, s’émeut-elle aujourd’hui, huit opérations plus tard. Si l’on compare à ce que j’étais avant, c’est comme si j’étais devenue Brigitte Bardot. »

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