C’est l’année noire de la Cour pénale internationale (CPI). Jamais l’institution de La Haye n’a affronté autant de vents contraires depuis qu’elle a ouvert ses portes en 2002. Sanctions américaines contre quatre juges et le procureur, le Britannique Karim Khan, menaces et intrigues en tout genre, pressions de Washington sur les Etats parties, avec un objectif : faire annuler et empêcher tous mandats d’arrêt contre des Israéliens, dont ceux contre Benyamin Nétanyahou et l’ex-ministre de la défense Yoav Gallant, émis le 21 novembre 2024, et obtenir la clôture de l’enquête en cours sur les crimes commis sur le territoire palestinien.
« J’ai traversé à La Haye les pires mois de ma vie », confie au Monde l’avocat britannique Andrew Cayley. Avec l’Américaine Brenda Hollis, une ancienne de l’US Air Force, ce sexagénaire, qui a officié au sein du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie et dans les chambres extraordinaires cambodgiennes ayant jugé des dirigeants khmers rouges, pilotait le dossier ICC-01/18. Celui-ci porte sur les crimes commis par les Israéliens dans la bande de Gaza et en Cisjordanie, et ceux perpétrés le 7 octobre 2023 dans le sud d’Israël par le Hamas, dont les prises d’otages. C’est le dossier le plus sensible ouvert devant la CPI.