Vénus et Jupiter se croisent à l’aube

Voilà, nous y sommes enfin ! Il aura fallu plusieurs semaines pour préparer cette rencontre céleste au sommet, trouver un site libre dans une belle constellation – les Gémeaux –, éloigner le Soleil et déplacer les deux planètes les plus éclatantes du ciel, mais, le 12 août à l’orée de l’aube, Vénus et Jupiter nous attendront au-dessus de l’horizon est-nord-est et elles brilleront vivement à seulement 0,9 degré l’une de l’autre, soit pratiquement à la même distance apparente que sur l’image qui ouvre ce billet. C’est moins de deux fois le diamètre apparent de la Pleine Lune et vous pourrez cacher cette « planète double » avec le bout de votre petit doigt bras tendu. Il s’agit d’un rapprochement apparent, bien sûr, puisque Vénus et Jupiter, si elles se situent pratiquement à la même position sur la voûte céleste, ne sont pas du tout à la même distance de nous : Vénus est à 185 millions de kilomètres et Jupiter à 890 millions de kilomètres.

Ce couple planétaire éphémère se lève près de trois heures avant le Soleil et, au début de l’aube, plus d’une heure et demie avant l’arrivée du Soleil, il est aisément repérable à l’œil nu à plus de dix degrés de hauteur au-dessus de l’horizon est-nord-est, soit plus que la hauteur de votre poing bras tendu. Vous pouvez observer cette conjonction aussi bien en ville qu’en pleine nature et la pollution lumineuse éventuelle sur votre site d’observation ne devrait pas vous gêner, car elle sera vite effacée par la clarté croissante de l’aube. Si votre ciel est limpide, vous pourrez même tenter de repérer l’éclat intense de ces deux planètes à l’œil nu et aux jumelles dans le ciel bleu après le lever du Soleil, en prenant garde de ne jamais regarder celui-ci naturellement !

Vénus est actuellement six fois plus brillante que Jupiter – leur différence de luminosité est parfaitement perceptible à l’œil nu – et son éclat est aussi pur et blanc que celui de sa voisine. Si vous observez cette conjonction avec des jumelles ou si vous la photographiez avec un téléobjectif, deux des quatre lunes galiléennes, Ganymède et Callisto, seront bien visibles, assez loin du disque de Jupiter, alors que Io et Europe seront plus délicates à distinguer contre la planète. La Lune gibbeuse décroissante sera présente du côté sud de la voûte céleste lors de cette observation et elle devrait éclairer suffisamment votre environnement immédiat pour lui donner du relief et contribuer à la beauté de ce paysage céleste juste avant l’arrivée du jour.

À lire également

Chaque mois, je vous propose de découvrir mes images du ciel dans ma Lettre du Guide du Ciel.

Phases de la Lune en août

La Lune est au premier quartier le 1er dans la Balance, pleine le 9 dans le Capricorne, au dernier quartier le 16 dans le Bélier, nouvelle le 23 dans le Lion et de nouveau au premier quartier le 31 dans le Scorpion.

Quelques rendez-vous sous le ciel d’août

Du vendredi 1er au dimanche 3 août se déroulera la 35e édition des Nuits des étoiles dans toute la France (et au-delà). Organisées depuis 1991 par l’Association française d’astronomie, avec l’aide de centaines de clubs, d’associations, de collectivités territoriales et d’astronomes amateurs et professionnels bénévoles, les Nuits des étoiles vous proposent plus de 550 manifestations (soirées d’observation, expositions, conférences, ateliers pratiques, stages, randonnées sous les étoiles, séances de planétarium, etc.) pour découvrir l’astronomie et la beauté du ciel d’été. Ces manifestations sont gratuites, mais il faut parfois réserver sa place, je vous invite donc à consulter le site web qui les recense pour en savoir plus. Quelques étoiles filantes seront probablement visibles durant les Nuits des étoiles, mais le maximum d’activité de l’essaim des Perséides se produira le 12 et le 13 août en présence d’une éblouissante Lune gibbeuse.

Du lundi 11 au mercredi 13 août, vous pourrez passer vos nuits avec Saturne et les étoiles filantes de l’essaim des Perséides, mais l’éclat puissant de la Lune gibbeuse décroissante vous empêchera de distinguer les flèches météoritiques les moins lumineuses. Notre satellite se lèvera à l’est non loin de Saturne avant la fin du crépuscule astronomique, soit moins de deux heures après le coucher du Soleil. À ce moment-là, la constellation de Persée se situera juste au-dessus de l’horizon nord-nord-est et vous pourrez déjà guetter les étoiles filantes autour d’elle – utilisez la carte du ciel disponible un peu plus bas dans ce billet. En fin de nuit, juste avant l’arrivée des premières lueurs de l’aube, Saturne et la Lune seront installées à plus de quarante degrés de hauteur au méridien et Persée surplombera l’est d’une cinquantaine de degrés.

Le mercredi 20 août à l’aube, une semaine après leur conjonction serrée, Vénus et Jupiter seront déjà à huit degrés d’écart et la vieille Lune viendra les saluer. Près d’une heure et demie avant le lever du Soleil, son magnifique croissant agrandi par la lumière cendrée dessinera un grand triangle équilatéral avec ces deux planètes. Les trois astres brilleront à plus de quinze degrés de hauteur au-dessus de l’horizon est-nord-est, soit la hauteur de votre poing pouce levé et bras tendu comme pour faire du stop. Remarquez l’éclat plus faible des étoiles Castor et Pollux des Gémeaux sur la gauche de la Lune et, au ras de l’horizon, guettez le lever de la planète Mercure. Elle est observable une bonne heure avant le lever du Soleil depuis la mi-août et la lente augmentation de son éclat permet à présent de la repérer à l’œil nu, sauf si l’horizon est trop embrumé. L’alignement apparent Mercure-Vénus-Jupiter, visible pendant quelques matins, matérialise presque le plan du Système solaire dans le ciel de l’aube.

Le ciel en août

À la fin du crépuscule aoûtien, soit près de deux heures après le coucher du Soleil, la Voie lactée tranche la voûte céleste en deux portions pratiquement égales du nord-nord-est au sud-sud-ouest. Nous n’avons pas la chance d’admirer la région la plus lumineuse et la plus dense de la Voie lactée au zénith comme peuvent le faire les observateurs des tropiques. Cependant, le fait d’avoir le Sagittaire et donc le cœur galactique au ras de l’horizon sud nous permet de lui tourner le dos et de regarder à l’opposé, vers l’extérieur du disque aplati dans lequel circulent le Soleil et son cortège planétaire. Notre étoile se situant plus près du bord que du centre de ce disque, la Voie lactée que nous découvrons dans cette direction est bien moins garnie. En s’allongeant sous un beau ciel traversé par la Voie lactée, avec la tête au sud, et en la balayant des yeux, l’impression de s’éloigner du cœur à grande vitesse est saisissante. Il faut bien évidemment s’installer sous un ciel sans Lune correctement protégé de la pollution lumineuse et laisser ses yeux s’accoutumer à l’obscurité pendant au moins une vingtaine de minutes pour que la vision nocturne plus sensible s’installe suffisamment. Utilisez une lampe peu intense colorée en rouge ou en orange pour vous déplacer. Si vous passez toute la nuit à la belle étoile, vous aurez la grande joie de voir surgir avant l’aube les constellations qui embelliront nos soirées hivernales : le Taureau, le Cocher, les Gémeaux et même Orion. Fin août, repérez l’éclat incandescent de Sirius au ras de l’horizon est-sud-est, une heure avant le jour.

Carte du ciel visible en août 2025 vers la fin du crépuscule à la latitude de la France métropolitaine. Les cartes de ce billet peuvent être utilisées en Europe et dans le monde à l’intérieur d’une bande s’étendant de 38° à 52° de latitude nord. Si vous êtes à plus de 45° nord, l’étoile Polaire sera plus haute dans votre ciel et, le soir, Altaïr de l’Aigle sera d’autant plus proche de l’horizon sud. Si vous êtes à moins de 45° nord, l’étoile Polaire sera plus proche de l’horizon nord et Altaïr sera plus éloignée de l’horizon sud.

Cette carte montre le ciel visible en août 2025 à l’orée de l’aube à la latitude de la France métropolitaine. Attention, les cartes du ciel ne sont pas à l’envers ! Elles représentent simplement les astres qui sont situés au-dessus de nos têtes. Si vous vous allongiez avec la tête vers le nord et les pieds vers le sud, l’est serait bien à votre gauche et l’ouest à votre droite. Utilisez ces cartes en les imprimant et en les faisant tourner de telle sorte que le nom de la direction dans laquelle vous observez soit écrit à l’endroit. Les constellations et les étoiles que vous retrouverez dans la portion du ciel qui vous fait face sont toutes celles dont le nom est lisible sans trop pencher la tête. Les noms des constellations et de leurs principales étoiles sont indiqués, ainsi que le tracé des constellations les plus importantes ; ce tracé est parfois incomplet lorsque la figure est en partie cachée sous l’horizon. Le ciel est très vaste et les constellations qui semblent petites sur les cartes sont, en fait, très grandes : votre main ouverte et bras tendu cache ainsi à peine l’ensemble du Chariot de la Grande Ourse.

La 31e édition de mon Guide du Ciel annuel est disponible dans votre librairie habituelle.

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