Adriana Asti s’est éteinte dans son sommeil le 31 juillet, à Rome. La capitale lui faisait regretter Milan : à sa ville natale, elle avait consacré un spectacle musical, Stramilano, qu’elle avait montré sur toutes les scènes italiennes, et même à Paris. Giorgio Strehler, Luca Ronconi et Luchino Visconti avaient tous su, dans cette cité lombarde, exploiter le talent explosif de cette comédienne ironique, qui vouait à l’intelligence un véritable culte.
Née en 1931 dans une famille d’industriels, élevée dans une pension de bonnes sœurs allemandes, elle s’était débarrassée de la pesanteur d’un tel pedigree pour suivre une troupe de théâtre de passage et ne plus jamais se détacher de cet art, sinon pour le cinéma, même si sa beauté ne correspondait pas au canon des vedettes du grand écran. Mais elle avait quelque chose de plus, que perçurent Pier Paolo Pasolini, Luchino Visconti (qui, après l’avoir découverte sur scène, lui donna des beaux rôles, dans Rocco et ses frères, paru en 1960, et surtout dans Ludwig [1972]) ou Mauro Bolognini.
Mais c’est surtout Bernardo Bertolucci qui, dans Prima della Rivoluzione (1964), mêla leurs liens sentimentaux et une fiction inspirée de La Chartreuse de Parme. Une des scènes les plus frappantes du film est un coup de téléphone réel que l’actrice donne à son propre psychanalyste (le célèbre Cesare Musatti).