Les silhouettes, grandiloquentes, dissimulant le visage des mannequins, ont été instagrammées jusqu’à plus soif depuis le 9 juillet. Ce soir-là, le Belge Glenn Martens a été acclamé pour son premier défilé chez Maison Margiela, où il a pris la suite de John Galliano, en janvier. Dystopiques, sculpturales, d’un bricolage élevé au rang d’art, les robes en satin duchesse virevoltent façon tornade, les jupes sont en patchwork de papier de soie, le denim est peint, les ensembles sont brodés de vieux cristaux et les fourreaux fabriqués dans une dentelle morcelée… Dans les sous-sols du Centquatre-Paris, institution culturelle du nord-est de la capitale où, en 2008, Martin Margiela, avait organisé son tout dernier show, le directeur artistique a délivré une habile partition.
La flamboyance de l’exécution prolongeait celle de John Galliano et les références au fondateur (masques, tabliers, textiles peints) ont rassuré les « margielophiles ». Quant à l’approche architecturale et distordue, pas de doute : elle est bien la patte du nouveau capitaine. « Avant la mode, Glenn Martens a étudié l’architecture d’intérieur [à Gand, en Belgique]. Pour lui, la construction du vêtement passe d’abord par le volume. Sans être un déconstructeur aussi abstrait qu’une Rei Kawakubo [la styliste japonaise fondatrice de la marque Comme des garçons], il part d’archétypes auxquels il inflige des torsions, des entortillements, des spirales, des courbes, jusqu’à les faire muter en des formes mémorables », résume Leyla Neri, responsable du master en design de mode de l’Institut français de la mode (IFM).