Visage rond et sourire avenant, la voix posée, Noriko Kubota raconte l’histoire de son beau-père, Masayoshi, survivant de la bombe atomique larguée sur Hiroshima le 6 août 1945. « J’ai choisi de le faire, car il n’a plus la force d’intervenir publiquement, comme il le faisait avant », explique Mme Kubota, qui insiste sur le message qu’il a toujours voulu transmettre : « Valorisez la vie et prenez soin de vos amis et proches. » En ce jour de juillet, à l’approche du 80e anniversaire du bombardement, le nonagénaire est dans la salle, parmi la vingtaine d’auditeurs, à écouter son vécu raconté par une autre.
Mme Kubota fait partie des hibaku taiken denshosha, littéralement « successeur de l’expérience des irradiés », chargés de transmettre avec autant de vie que possible le message des victimes des bombardements sur Hiroshima et Nagasaki – ciblée le 9 août 1945. Les deux villes ne veulent pas que ces bombardements tombent dans l’oubli et que le message en faveur de la disparition des armes nucléaires et de la paix mondiale porté par les hibakushas (littéralement « personnes irradiées ») devienne inaudible.