Longtemps ignoré, c’est un fléau qui n’épargne aucune partie du monde. La pollution due au plastique ravage la planète de multiples manières : chaque minute, l’équivalent d’un camion poubelles de déchets plastiques est déversé dans les océans ; ils se fragmentent, se dégradent et s’insinuent partout : dans l’air, les rivières, les aliments et jusque dans nos organismes, menaçant les écosystèmes et la santé humaine.
La production de plastiques elle-même, qui repose sur l’extraction et la transformation d’énergie fossile, alourdit la menace sur le climat. C’est pourquoi l’enjeu de la conférence internationale qui a lieu à Genève du 5 au 14 août sous l’égide de l’Organisation des Nations unies s’avère crucial : la conclusion d’un premier traité mondial contre la pollution aux plastiques.
De leur production à leur recyclage en passant par leur usage, les plastiques sont à l’origine de maladies et de morts par dizaines de milliers chaque année. Ouvriers travaillant sur les sites de production de polymères, populations vivant à proximité et consommateurs de produits en plastique… Tous les êtres humains sont concernés, confirme un article publié lundi 4 août par des sommités scientifiques dans la revue The Lancet. Et si la toxicité d’un tiers seulement des 16 000 substances chimiques utilisées a été testée, des milliers d’entre elles sont déjà considérées comme « hautement dangereuses » pour la santé.
Ce constat alarmant, conjugué à la progression fulgurante de la production de plastiques, qui pourrait doubler pour atteindre le milliard de tonnes par an d’ici à 2050, et à la faiblesse du recyclage (moins de 10 % à l’échelle planétaire), impose un coup d’arrêt.
Pourtant, le monde reste divisé sur la façon de faire face à cette calamité. Certes, une coalition d’une centaine d’Etats – dont les Vingt-Sept de l’Union européenne –, soutenus par les organisations non gouvernementales de défense de l’environnement et la communauté scientifique, défend un traité incluant une clause de réduction de la production et de la consommation de plastique à l’échelle mondiale.
Mais un noyau dur de pays gazo-pétroliers s’y oppose (Arabie saoudite, Russie et Iran en tête, soutenus par la Chine et les Etats-Unis), se contentant d’un texte centré sur la gestion des déchets et le recyclage. La réunion de Genève n’est d’ailleurs qu’une session de rattrapage, après l’échec des discussions menées en Corée du Sud en décembre 2024, qui devaient clôturer des négociations commencées en 2022.
Alors que Donald Trump nie l’impact environnemental du plastique et que la Chine, premier producteur (un tiers du total) et consommateur mondial (avec les Etats-Unis), s’oppose à des objectifs contraignants, préférant se limiter à des engagements nationaux volontaires, le risque d’un nouveau fiasco des discussions apparaît élevé.
Quant à l’adoption d’un texte ambitieux, non par consensus, selon la règle onusienne, mais par un vote limité aux Etats volontaires, elle permettrait, certes, d’instaurer une pression d’une partie des consommateurs sur les producteurs, mais sonnerait comme une lourde déception, s’agissant d’un enjeu à l’évidence mondial. La Chine, potentielle championne des alternatives au plastique, pourrait trouver un intérêt à un compromis, espèrent les négociateurs français. Une chose est certaine : l’échec des discussions de Genève signerait un grave revers pour la santé de la planète et de ses habitants, en particulier les plus pauvres.