« Tu as vu : même ici, les traditions de mon pays sont connues ! » En cet après-midi printanier, Juan Bautino n’est pas peu fier. Dans le parc Jourdan d’Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), où l’étudiant ingénieur de 23 ans nous a donné rendez-vous, un promeneur épris de culture argentine vient de l’interpeller au sujet de la calebasse et de sa bombilla à maté (sorte de tasse en bois avec une paille) qu’il tient à la main. Juan avait, en effet, proposé de partager la boisson sud-américaine, si populaire en Argentine, pendant cette entrevue.
Voilà huit mois qu’il a quitté l’université de Buenos Aires pour un échange universitaire de deux ans (master 1 et 2) avec l’IMT Atlantique, une grande école d’ingénieurs nantaise. Le passant curieux enfin reparti, Juan confie retrouver à Aix, où il est en stage pendant quatre mois dans une usine de pâtisserie industrielle, ainsi qu’à Marseille, un « petit quelque chose » qui lui rappelle l’Argentine : « le Sud, le soleil, les gens dans les rues qui te parlent spontanément, les cultures mélangées, la musique… »
La discussion se fait en français. Juan y tient. « Je suis venu ici pour sortir de ma zone de confort », raconte l’étudiant. Il y voit aussi un pied de nez à ses camarades du lycée qui, il y a quelques années, le taquinaient quand il ne pouvait pas les accompagner en sortie le samedi parce qu’il prenait des cours particuliers de français : « Je leur promettais : “Sauf que moi j’irai un jour étudier en France”. »