Accroupie dans les rochers de granit blanc nervuré de rose et de noir pailleté, elle sent le soleil martial lui poignarder le haut du dos, malgré l’heure tardive. La chaleur est telle qu’ils sont obligés d’attendre 17 heures pour aller se baigner. Et avant, le reste du jour durant, errer, lire, siester, jouer avec le chat éclopé du voisin, se gêner, dans leur bungalow. Quelle mauvaise idée la Grèce en août. Elle voulait partir à la montagne. Ils sont là depuis deux jours et elle est en apnée. A l’air libre. Elle ne voit pas du tout de quelle manière elle va tenir le coup une semaine entière. Sept jours pleins.
Comme quand elle était petite, fille élevée en bord de Méditerranée, échevelée par le sel marin et griffée par les branches de pins, la revoici tordue dans les rochers, avec son masque, ses cheveux-algues dégoulinants, à chercher les crabes et les girelles dans les trous, tenter de décoller les arapèdes sans se casser les ongles, organiser des courses de bigorneaux sur son avant-bras, avec sa fille à côté d’elle. Son petit corps ramassé de chien de combat est si différent du sien au même âge – et aujourd’hui encore –, longiligne et mou. Une force de la nature, dès les premiers mois. De la puissance pure qui court dans ses muscles, tenue peut-être de sa grand-mère paternelle, horticultrice au corps surentraîné dans les champs de pivoine du sud de la France.