La coordinatrice résidente de l’ONU, nommée en juillet 2024, la Mauricienne Carol Flore-Smereczniak, a été déclarée « persona non grata » par la junte burkinabée lundi 18 août, pour sa « responsabilité » dans un rapport « véhiculant des informations graves et mensongères » qui attribue à l’armée des « violations contre des enfants » au Burkina Faso.

En mars, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a adressé un rapport au Conseil de sécurité intitulé, « Les enfants et le conflit armé au Burkina Faso », qui impute aux groupes armés djihadistes et à l’armée burkinabè des violences contre les enfants. « Il ressort que ce rapport a été élaboré par une équipe spéciale pays, coprésidée par la coordonnatrice résidente du système des Nations unies au Burkina Faso », a affirmé lundi le gouvernement burkinabè dans un communiqué.

« Pour sa responsabilité dans la coprésidence de l’élaboration d’un rapport compilant des données sans sources objectives, sans preuves ni justificatifs, véhiculant des informations graves et mensongères », Carol Flore-Smereczniak « est déclarée’’persona non grata’’ sur le territoire du Burkina Faso », a-t-il annoncé. En mars, elle avait été convoquée par le ministre burkinabè des affaires étrangères, qui avait condamné auprès d’elle l’usage par des agences de l’ONU des expressions « groupes armés non étatiques » et « milices » pour désigner respectivement les « terroristes » et les supplétifs civils engagés aux côtés de l’armée dans la lutte antijihadiste.

« Le système des Nations unies, mené par la coordonnatrice résidente, s’est consacré à travailler avec les autorités pour soutenir les efforts de développement et fournir une indispensable aide humanitaire », a souligné le porte-parole du secrétaire général des Nations unies, Stéphane Dujarric, ajoutant que « la doctrine de la persona non grata ne s’applique pas aux officiels des Nations unies ». « Seul le Secrétaire général (…) a l’autorité pour décider, après une enquête minutieuse, du retrait d’un officiel des Nations unies », a-t-il ajouté.

Le rapport fait état de « 2 483 violations graves » commises contre « 2 255 enfants » entre juillet 2022 et juin 2024, dont « 501 violations graves (20 %) » attribuées aux « Forces de défense et de sécurité » burkinabè et à leurs supplétifs civils.

« Dans un style narratif citant indistinctement les terroristes et les institutions de défense et de sécurité du Burkina Faso, ce rapport qui ressemble à une compilation d’affirmations sans fondements et de contre-vérités ne comporte en annexe, ni copies de rapports d’enquêtes, ni arrêts de justice pour étayer les cas prétendus de violations contre des enfants attribués aux vaillants combattants burkinabè », a regretté Ouagadougou.

« Le gouvernement du Burkina Faso (…) réitère sa totale disponibilité à coopérer avec l’Organisation des Nations unies, à travers des représentants et des équipes pays résolument engagés dans un accompagnement vrai et sincère », a-t-il ajouté.

En décembre 2022, la junte avait déclaré « persona non grata » une précédente coordinatrice résidente de l’ONU au Burkina, l’Italienne Barbara Manzi. Elle avait été « priée de quitter le pays » le jour même.

Le pays est dirigé depuis près de trois ans par une junte souverainiste, avec à sa tête le capitaine Ibrahim Traoré, qui a pris le pouvoir après un putsch en septembre 2022, assurant faire de la reconquête du territoire une « priorité ». Mais le pays reste pris dans une spirale de violences.

En 2024, le Burkina Faso est le pays qui a enregistré le plus de morts dus au « terrorisme » pour la deuxième année consécutive avec 1 532 victimes, sur un total mondial de 7 555, rapporte l’Indice mondial du terrorisme.

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