La gauche, qui fait sa rentrée politique jeudi 21 août avec les universités d’été de plusieurs partis, s’engage dans le soutien au mouvement Bloquons tout, avec en ligne de mire la censure du gouvernement. « Insoumis », écologistes, communistes et, dans une moindre mesure, socialistes, voient tous d’un bon œil les appels de collectifs citoyens à « tout bloquer » en France le 10 septembre, qui se cristallisent autour des coupes voulues par François Bayrou pour le budget 2026 (près de 44 milliards d’euros d’économie).
Pour La France insoumise (LFI), qui réunit ses troupes près de Valence, dans la Drôme, à partir de jeudi, le mot d’ordre n’a pas changé depuis la nomination du premier ministre en décembre : la censure du gouvernement. « Il n’y a pas de temps à perdre face au plan Bayrou. Il faut mener la bataille dans les institutions et dans la rue », a martelé le coordinateur national des « insoumis », Manuel Bompard. A savoir à l’Assemblée nationale, en convainquant l’ensemble des partis de gauche et le Rassemblement national de voter une motion de censure, mais aussi en soutenant les appels à bloquer la France le 10 septembre.
Les « insoumis » ont planté le décor en appelant dans un texte publié dans La Tribune Dimanche « tous ceux qui partagent nos principes et notre volonté d’action pour en finir avec le gouvernement Bayrou [à] se mettre immédiatement au service des collectifs locaux qui proposent cette mobilisation et à tout faire pour sa réussite ».
Une position qui a évolué : dans un premier temps, le dirigeant « insoumis », Jean-Luc Mélenchon, avait affirmé sur son blog se reconnaître dans les « motifs de cette action », tout en soulignant l’importance de son « indépendance » comme « condition de son succès ».
La patronne des Ecologistes, Marine Tondelier, qui rassemble ses troupes à Strasbourg dès jeudi, appelle aussi à soutenir cette mobilisation, estimant dans Libération mercredi que « l’avenir de notre pays se joue dans [les] mouvements d’ampleur annoncés à la rentrée ». Mais elle refuse toute récupération, invitant les partis à ne pas « tout gâcher en organisant une compétition de nombre de drapeaux ou en mettant les manifestants mal à l’aise parce qu’ils auraient l’impression de marcher dans les pas de tel ou tel candidat à la présidentielle ».
Concernant le futur du gouvernement de M. Bayrou – qui a, selon Emmanuel Macron, les « capacités » pour tenir jusqu’en 2027 – Mme Tondelier affirme à l’Agence France-Presse (AFP) qu’il n’y a « aucune raison de ne pas le censurer ».
Pour la porte-parole du groupe écologiste à l’Assemblée, Léa Balage El Mariky, le 10 septembre « sera peut-être le point de départ d’une mobilisation plus large qui a commencé avec la loi Duplomb », en référence à la pétition contre le texte qui visait à réintroduire un pesticide interdit et qui a recueilli plus de 2 millions de signatures au début de l’été.
La pression est donc mise sur le Parti socialiste (PS) qui a refusé jusqu’alors de voter la majorité des motions de censure déposées contre le gouvernement. « Avec le budget tel qu’il a été proposé par François Bayrou au mois de juillet, c’est censure directe et immédiate », a affirmé le secrétaire général du parti, Pierre Jouvet, sur Europe 1 mercredi, jugeant que « rien n’est à retenir » dans cette proposition de budget.
Le PS, qui organise ses universités d’été la semaine suivante à Blois, devrait également être « en soutien » du mouvement du 10 septembre, a précisé M. Jouvet. « On regarde cette initiative avec beaucoup d’intérêt. Les motivations et les modes opératoires sont assez flous pour l’instant, mais nous comprenons l’exaspération à l’origine de ce mouvement », a confirmé la porte-parole du parti, Chloé Ridel, sur Franceinfo.
De son côté, le Parti communiste français, qui tient ses universités d’été à partir de vendredi à Montpellier, appellera « à participer à l’ensemble des mobilisations contre le projet Bayrou, le 10 septembre compris ». « On soutiendra le mouvement, on sera partie prenante », a affirmé à l’AFP son porte-parole, Léon Deffontaines.
Chez les unitaires (ex-LFI), qui feront leur rentrée à Châteaudun (Eure-et-Loir) fin août, Clémentine Autain et Alexis Corbière avaient déjà appelé, dans une tribune, à faire du 10 septembre « le début de la lutte » pour « une vie digne et heureuse ».