Ce mois-ci, nous vous proposons notamment une pièce de théâtre tirée d’un récit autobiographique d’Annie Ernaux sur un avortement, une histoire d’adolescents désœuvrés et rivés à leur smartphone, une battle de danses urbaines, un opéra autour du fanatisme religieux, ou encore de (re) découvrir l’univers absurde et sensible de Marc Fraize.
THÉÂTRE
En 1963, Annie Ernaux a 23 ans. Etudiante à Rouen, elle se retrouve enceinte d’un amant de passage. Elle veut avorter et elle avortera. Mais à quel prix : entre le choix assumé en conscience et son accomplissement, le chemin de croix exige une volonté de fer. Cet écrit autobiographique, insoutenable joyau noir, est porté sur scène par Marianne Basler. Vêtue de noir, l’actrice se tient seule sur un plateau plongé dans l’obscurité. Elle en habite chaque recoin et semble pousser les mots devant elle. Elle les dépose dans l’espace à l’intention du public, puis elle s’éloigne d’eux, fuyant, sans doute, leur dimension radioactive. Impossible d’esquiver l’impact d’un témoignage rude et cru où la réminiscence brute des actes et leur nature agressive heurtent le spectateur dans sa chair. On dit parfois du théâtre qu’il doit passer par le corps pour être pleinement reçu et perçu. L’expression prend ici tout son sens. J. Ga.