Le blé, une moisson de bouquets

La coutume veut que ses brins soient cueillis dans le dernier carré du dernier champ de blé à faucher, « celui qui était considéré comme magique », rapporte Lydie Banquart, tresseuse de blé installée dans l’Aveyron. Dans son quart d’hectare de terre, elle en cultive une quinzaine de variétés différentes. Des blés durs, des blés tendres, des barbus, des glabres, afin d’avoir le choix des couleurs. L’artisane explique qu’elle est l’une des rares en France à savoir encore arranger des bouquets de moisson. « C’est l’une des plus belles choses que l’on pouvait faire avec ce que l’on avait sous la main à l’époque, explique-t-elle. Le rituel est encore vivace dans le Pas-de-Calais. »

Elle reprend des modèles traditionnels formés par les fermières avant l’apparition des moissonneuses, et tresse, avec la partie de la paille située entre l’épi et le premier nœud de la graminée, des motifs losanges en forme de colliers de cheval, des cornes d’abondance, l’œil de protection… Une croyance recommande d’utiliser sept ou douze brins, symboles des sept jours de la semaine ou des douze mois de l’année, pour attirer la prospérité. « Tout blé peut se tresser, assure-t-elle. Il faut juste trouver une tige suffisamment longue. »

La designer Emma Bruschi choisit les siens, comme celui à barbe noire, « du plus bel effet », dans des variétés anciennes. « Car la paille des nouvelles variétés, sélectionnées pour passer dans les moissonneuses-batteuses, est trop courte. » Elle les récolte ensuite le premier ou le deuxième week-end de juin, lorsque la tige est encore droite et « pas trop abîmée », les fait sécher deux semaines au moins, à plat, le temps qu’ils blanchissent un peu, puis les humidifie légèrement pour pouvoir les travailler comme une tresse ou un macramé. « Sinon ça casse et c’est désespérant. »

Si la récolte a été bonne et qu’ils sont en grand nombre, il est aussi possible de les rassembler en une gerbe coupée court, pour qu’elle tienne seule debout sans basculer. Plus tôt dans la saison, lorsque le blé est encore vert, Guillaume Letaille, fleuriste pour Alchimie, à Lille, les mélange aux pivoines, dont il fait ressortir le reflet un peu bleuté. Plus tard, quand ils sont dorés, il les mélange à des delphiniums séchés, ou accroche sept épis au dossier des chaises d’un banquet, comme cadeaux aux invités.

Zone de prédilection Le blé dur plutôt au nord d’Orléans, le blé tendre au sud.

Floraison En juin.

Entretien Se sème en septembre et se récolte en juillet.

Aime Les sols profonds et le soleil.

N’aime pas Les orages violents qui le couchent à terre.

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