Cette semaine, outre une comédie autour d’une cérémonie de deuil, Adieu Jean-Pat de Cécilia Rouaud, et Fils de, une satire politique autour de la nomination du premier ministre, les films nous font voyager : en Israël avec Chroniques d’Haïfa ou la difficile cohabitation entre Juifs et Palestiniens, à Tokyo dans les couloirs déserts du métro avec Exit 8 inspiré d’un jeu vidéo, ou encore à Madrid avec Ciudad sin sueño dans un bidonville promis à la démolition
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Retour aux affaires du réalisateur palestinien vivant en Israël Scandar Copti, disparu depuis le palpitant Ajami, coréalisé en 2009 avec Yaron Shani. Chroniques d’Haïfa, qui sonde le cœur et les reins d’une famille de notables palestiniens habitant la grande cité portuaire israélienne, en conserve les qualités. Acteurs non professionnels, tournage à la sobriété et à l’énergie, intensité des situations, litanie frémissante des gros plans, refus de la linéarité omnisciente, narration chorale travaillée comme une composition cubiste. Autant dire qu’on entre avec ce film dans la complication existentielle d’une cohabitation entre Juifs et Arabes partageant une même terre et une même citoyenneté. Cette complication, le film, très intelligemment, la fait sienne, grâce à son dispositif narratif, parcellaire et fragmenté à la Rashomon (Akira Kurosawa, 1950). Quatre personnages guident ainsi chacun leur tour un récit tortueux et torturé dans lequel tout le monde semble mentir à tout le monde et d’où émerge une merveilleuse héroïne en quête d’émancipation et de liberté, Fifi, lumineusement incarnée par Manar Shehab. J. Ma.