A moins de deux mois de l’élection présidentielle du 25 octobre en Côte d’Ivoire, une chanson fait les délices des critiques les plus acerbes du pouvoir d’Alassane Ouattara. Dans ce morceau reggae, non titré, les paroles très virulentes qualifient le président ivoirien sortant, candidat à sa propre succession pour un quatrième mandat, de « mythomane » et d’« assassin ». Le morceau n’a ni auteur ni interprète : il a été généré par une intelligence artificielle (IA). Une pratique encore quasiment inconnue en Côte d’Ivoire il y a un an, mais qui progresse à une vitesse exponentielle, encore redoublée par la situation politique tendue.
Si les données manquent, faute d’études réalisées sur le sujet, l’ampleur du phénomène est perceptible en ligne. Sur Facebook et sur WhatsApp, les commentaires d’actualité et éditoriaux politiques écrits avec ChatGPT se multiplient, parfois de manière assumée. Avec TikTok, ces réseaux sociaux sont désormais inondés de contenus générés par l’IA. En 2024 déjà, lors de la Coupe d’Afrique des nations, les supporteurs ivoiriens partageaient à l’envi des images d’éléphants, l’emblème de leur équipe nationale, piétinant les symboles des équipes adverses.