Sur la place du supermarché de Bruz (Ille-et-Vilaine), vendredi 7 novembre, François et Simon, la trentaine, vérifient une dernière fois la sonorisation. Une soixantaine de personnes – retraités, fonctionnaires, cuisiniers, agriculteurs, intérimaires – serrent les rangs autour des enceintes pour écouter le résumé de leur mois de « lutte ».
Depuis début octobre, la polémique enfle dans la campagne rennaise contre Le Canon français, cette entreprise événementielle qui organise, depuis 2021, des banquets XXL aux quatre coins de la France, remplissant abbayes, châteaux et parcs des expositions. Ce week-end, ça se passe au château de Blossac, à Goven, à quelques encablures de là. Des centaines de « Canonniers » ont déboursé 80 euros contre la promesse d’un kilo de nourriture par personne et d’un moment de convivialité. La recette demeure inchangée : de grandes tablées, des produits du terroir, du vin à flots, Sardou, Aznavour…
Ce qui a changé, en revanche, n’est pas visible des Canonniers : les banquets sont récemment passés sous le pavillon de Pierre-Edouard Stérin, comme l’ont rapporté plusieurs médias. Odyssée Impact, un fonds d’investissement appartenant au milliardaire, exilé fiscal en Belgique, est entré au capital de la société détenant Le Canon français. Et la préside même depuis avril, selon les recoupements du Monde.
Les opposants dénoncent l’« instrumentalisation » de ces banquets à des fins idéologiques et politiques. Sous leurs atours populaires bon enfant et franchouillardes, ces fêtes serviraient la bataille culturelle et infrapolitique défendue par M. Stérin dans son plan Périclès, révélé en 2024 par le quotidien L’Humanité et censé « permettre la victoire » de la droite et de l’extrême droite.