La justice américaine a infligé, vendredi 7 novembre, un revers à Donald Trump dans sa volonté de mettre plusieurs villes démocrates au pas. La juge fédérale Karin Immergut a ainsi bloqué le déploiement de la garde nationale à Portland, grande ville de l’Oregon, dans le nord-ouest des Etats-Unis, décrite par le président américain comme « ravagée par la guerre ». Il avait annoncé à la fin de septembre qu’il allait « fournir toutes les troupes nécessaires » pour la protéger.
En octobre, Karin Immergut avait émis deux ordonnances pour bloquer temporairement ce déploiement. Vendredi, dans sa décision finale de 106 pages, consultée par l’Agence France-Presse, la juge – nommée par Donald Trump, en 2019, lors de son premier mandat – estime notamment qu’il n’existe à Portland aucune « rébellion ou danger de rébellion » susceptible de justifier l’envoi de la garde nationale pour suppléer les forces de l’ordre régulières.
La décision de Mme Immergut fait suite à un procès de trois jours qui s’est tenu la semaine dernière. Les deux parties se sont confrontées pour déterminer si les manifestations devant le bâtiment de la police de l’immigration (ICE) justifiaient l’envoi de l’armée en vertu du droit fédéral.
« Le dossier du procès a démontré que, malgré des manifestations nocturnes devant le bâtiment de l’ICE à Portland entre juin et octobre 2025, avec quelques journées particulièrement perturbatrices à la mi-juin, les protestations sont restées pacifiques avec seulement des incidents de violence isolés et sporadiques », écrit la juge. « Les rares entraves aux agents fédéraux ont été minimes et rien ne prouve que ces manifestations de faible ampleur aient significativement entravé l’application des lois sur l’immigration », ajoute-t-elle.
L’administration Trump, qui peut faire appel, a critiqué la décision de la juge Immergut. « Les faits restent inchangés. Face aux émeutes violentes et à l’anarchie qui persistent et que les autorités locales refusent d’apaiser, le président Trump a exercé son autorité légitime pour protéger les agents et les biens fédéraux. Le président Trump ne restera pas les bras croisés face à l’anarchie qui ravage les villes américaines et nous comptons bien obtenir gain de cause devant une juridiction supérieure », a déclaré Abigail Jackson, porte-parole de la Maison Blanche.
Depuis juin, Donald Trump a envoyé la garde nationale dans plusieurs villes démocrates, dont Los Angeles et Washington, à chaque fois contre l’avis des autorités locales. Le républicain a notamment justifié le déploiement de ce corps de réserve de l’armée par ce qu’il présente comme une montée de la criminalité. Estimant que les Etats-Unis sont victimes d’une « invasion » de « criminels venus de l’étranger », il a fait de la lutte contre l’immigration clandestine une priorité absolue de son second mandat.
Le déploiement des militaires de la garde nationale est vivement contesté devant les tribunaux. La justice a déjà suspendu en octobre le déploiement de centaines de soldats à Chicago, comme le demandaient la mairie de la troisième ville du pays et le gouverneur démocrate de l’Illinois, J. B. Pritzker. Saisie en urgence par Donald Trump pour obtenir l’autorisation d’y déployer la garde nationale, la Cour suprême à majorité conservatrice a demandé aux deux parties de lui fournir des arguments supplémentaires pour le 17 novembre.