Est-ce bien raisonnable de nettoyer les plages avec nos enfants ?

Est-ce bien raisonnable de nettoyer les plages avec nos enfants ?

« Pollueur ! », a sifflé ma fille, entre ses dents. Assez discrètement pour que le type qui venait de jeter sur le trottoir la gangue plastique de sa baguette n’entende pas l’invective. Ce n’est pas si facile d’expliquer à une enfant de 9 ans qu’elle a raison sur le fond, mais que sur la forme, il s’agit d’éviter de se prendre une baffe… D’autant que j’ai déjà remarqué à quel point le plastique répandu un peu partout dans nos vies la préoccupe. A l’été 2023, invités chez des copains sur la côte basque, nous nous apprêtions à quitter le bord de mer quand la marmaille s’est spontanément lancée dans un ramassage de tous les éclats, rondelles, débris et lambeaux de toutes les couleurs, coincés dans les rochers pendant que nous poireautions attendant l’apéro. J’ai eu un peu honte que ce soient mes enfants, et pas moi, qui fassent preuve de civisme spontané.

Il y a d’ailleurs des familles qui en ont fait un rituel. Chez Morgan Thuliez, 32 ans, père de trois enfants entre 3 et 9 ans, qui vit en Charente-Maritime, c’est systématique. « A chaque sortie, nous venons avec un sac-poubelle et, plutôt que de faire la chasse aux coquillages, nous faisons la chasse aux déchets ! Nous tournons ça sous forme de concours, celui qui ramasse le plus de déchets a gagné », écrit-il au Monde. Thomas Lemaitre, 52 ans, un Lyonnais, a la même tactique. Chaque été, avec son fils, il s’attaque à l’estran. Le jeu : « Trouver les choses les plus improbables. » Avec méthode. « La technique est de d’abord trouver une corde, puis d’y attacher tous les autres objets et cordages pour constituer une espèce de pelote que l’on dépose ensuite dans les bacs à marée situés en haut de plage », explique-t-il. L’habitude prend. « Récemment, mon fils s’est mis à ramasser aussi des déchets lors de promenades en forêt avec un ami », témoigne le père de famille.

Avec ses deux ados, Angélique Bonneton, une Seine-et-Marnaise, « improvise » des ramassages quand elle revient sur les plages de son enfance dans le Pas-de-Calais. Pourquoi s’y sent-elle obligée ? « Pas pour se donner bonne conscience, mais parce qu’il nous est insupportable de voir autant de déchets prêts à repartir au large », explique-t-elle en précisant que tous se sentent désormais « plus sensibles à la gravité de la pollution marine ». Il faudrait être aveugle pour ne pas constater, comme de nombreux lecteurs qui nous écrivent, qu’« il y a parfois plus de débris de plastique que de coquillages sur les plages ».

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