En parfumerie, un ingrédient nous connecte directement à l’univers de l’enfance : le néroli (l’huile essentielle de fleur d’oranger), qui doit son nom à Marie-Anne de La Trémoille (1642-1722), princesse de Nerola, qui en parfumait ses gants, son bain et son palais. L’omniprésence du néroli – et sa belle odeur de propre rappelant la peau de bébé –, dans les eaux de Cologne depuis le XVIIIe siècle atteste déjà une forme d’angélisme.
Mais ce sont les produits d’hygiène pour les nourrissons, à commencer par le lait de toilette Mustela et le shampooing Mixa Bébé, généreusement parfumés à la fleur d’oranger, qui vont inscrire le néroli dans la mémoire collective et l’attacher à tout jamais au monde de l’enfance, de la pureté, de l’innocence. « Qu’elle évoque les crêpes du goûter ou le réconfort du liniment [soin pharmaceutique pour la peau], l’essence de fleur d’oranger a ce don de nous replonger dans l’insouciance de nos jeunes années et d’apaiser nos angoisses », explique le parfumeur Olivier Cresp.
Le Grassois reconnaît l’huile essentielle de fleur d’oranger à ses facettes florales, fraîches, lumineuses et légèrement lavandées. Quand bien même on l’associe dans une composition au jasmin (Fleur d’oranger, Fragonard), à l’ambre (Tomboy Neroli, Parle-moi de parfum), à l’angélique (L’Eau des sens, Diptyque), au gingembre (Néroli botanica, Essential Parfums), à l’ylang-ylang (Néroli oranger, Matière Première) ou aux muscs (La Fille de l’air, Courrèges), cette note conserve ce petit côté régressif qui n’appartient qu’à elle.