Sortez une image de son contexte d’origine, détournez-la en l’accompagnant d’une légende improbable, vous obtiendrez un mème. Le critique Aïtor Alfonso connaît par cœur la recette, et nourrit son compte Instagram de ce genre de posts désopilants depuis cinq ans. « Après avoir publié de simples clichés de plats pendant des années, je me suis mis à produire des mèmes autour de 2020 », se souvient celui qui est aussi historien, auteur et enseignant en classe prépa littéraire.

A ses heures perdues, le quadragénaire s’amuse à « brocarder les névroses des foodies » aux côtés desquels il a l’habitude de s’attabler, à travers des publications tantôt potaches,tantôt plus intellos, et souvent les deux. Comme avec cette photo tirée du chef-d’œuvre de Chantal Akerman Jeanne Dielman, 23, quai du Commerce, 1080 Bruxelles (1975), qui raconte trois jours de la vie d’une femme, incarnée par l’actrice Delphine Seyrig, au foyer belge.

Le post la montrant en train d’éplucher des pommes de terre et légendé « Quand tu prépares ta 57e soupe de la saison » ne manque pas de sel. D’autres contenus versent plus dans la caricature. Chefs, serveurs, baristas, cavistes et autres acteurs de la gastronomie (surtout) parisienne se font ainsi gentiment épingler. Une façon pour le moraliste 2.0 de chahuter « un milieu qui manque d’humour et a tendance à se prendre très au sérieux ». Pour cela, qu’importe la référence culturelle, pourvu que la mayonnaise prenne.

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