Des polos rayés de près

Du polo, son nom dit presque tout ce qu’il y a à savoir de lui. Qu’il a été à l’origine créé pour les amateurs de ballon ovale et les ligues sportives universitaires. Qu’il rime donc avec une certaine élite, anglaise puis américaine : des étudiants des universités de la Côte est se sont empressés d’adopter cette pièce et y ont apposé les blasons de leur college.

Rappelons que le polo a été conçu dans un coton épais, pensé pour résister aux accrochages virils des matchs de rugby. Mais, très tôt, il s’émancipe des terrains pour rejoindre l’histoire de la mode et de la pop culture. Au milieu des années 1960, Mick Jagger en fait son uniforme de prédilection, glissant un maillot à bandes horizontales sous une veste de costume.

A l’aube du nouveau millénaire, l’Américain Ralph Lauren, chantre du style preppy outre-Atlantique, lance la ligne Rugby Ralph Lauren qui, jusqu’à sa fermeture, en 2013, multipliera les déclinaisons du polo rayé. L’un de ses fervents admirateurs se nomme Kanye West. En 2004, pour coller au concept de son album The College Dropout, le rappeur originaire de Chicago (pas encore l’objet de multiples polémiques) adopte une silhouette à mille lieues des tee-shirts XXL et des jeans baggys alors en vigueur dans le rap : pantalon chino, pull jacquard et polo de rugby rayé.

Cette silhouette est encore de mise aujourd’hui. En avril, sur le parvis de l’Accor Arena, une foule bigarrée patientait pour voir le rappeur californien Tyler, The Creator. En mocassins et chaussettes, cardigan pastel et polo propret, les fans semblaient rejouer, à leur manière, la partition du vestiaire preppy dont est aussi adepte le chanteur.

Des marques comme Supreme, reine du streetwear new-yorkais, le label Rowing Blazers, fondé par Jack Carlson, un ancien membre de l’équipe nationale américaine d’aviron, ou encore ERL, lancée par le Californien Eli Russell Linnetz (ancien collaborateur de Kanye West), proposent aujourd’hui leur propre version de ce polo.

Le succès est tel que la rayure rugby va même jusqu’à s’inviter… sur les courts de tennis. C’est vêtus de polo à large bande que Carlos Alcaraz et Jannik Sinner sont venus récupérer leurs trophées respectifs (la Coupe des Mousquetaires pour le premier, un plateau d’argent pour le second) à l’issue de la finale de Roland-Garros, en juin. Preuve qu’à force de traverser les époques et les disciplines, la rayure rugby s’impose comme un véritable support d’expression.

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