Kinshasa a déclaré mercredi 8 octobre qu’aucun accord économique ne sera signé avec Kigali, dans le cadre des négociations menées sous médiation américaine, tant que les conditions pour restaurer la paix dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) ne seront pas d’abord réunies.
Fin juin à Washington, la RDC et le Rwanda ont signé un accord de paix qui n’a toutefois pas mis fin aux violences. L’est de la RDC, région riche en ressources naturelles et frontalière du Rwanda, est en proie à des conflits depuis trente ans. Les violences se sont intensifiées depuis janvier avec la prise des grandes villes de Goma et Bukavu par le Mouvement du 23 mars (M23), groupe armé antigouvernemental soutenu par Kigali et son armée.
L’accord de Washington comprend un volet économique portant notamment sur le secteur minier et des projets d’infrastructures devant jeter les bases d’une coopération économique entre la RDC et le Rwanda. Les Etats-Unis espèrent ainsi sécuriser un approvisionnement stable en minerais essentiels (cuivre, cobalt et coltan). La semaine dernière, une série de rencontres portant sur la mise en œuvre de cet accord se sont tenues à Washington.
« Notre délégation n’a pas signé les documents qui devaient donner naissance au cadre d’intégration économique régional parce que, simplement, nous avons estimé que les conditions de paix n’étaient pas réunies sur le terrain pour permettre que nous puissions passer à l’accord économique », a déclaré mercredi soir le porte-parole du gouvernement congolais, Patrick Muyaya. « On ne pourra parler d’économie ou d’intégration que lorsque la paix sera restaurée », a-t-il poursuivi.
Ces derniers jours, de violents combats ont opposé les forces congolaises et le M23 dans la province du Sud-Kivu. Kinshasa réclame le retrait des troupes rwandaises de son sol. De son côté, Kigali conditionne la levée de ses « mesures défensives » à la neutralisation des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), groupe armé actif dans l’est de la RDC et composé principalement de Hutu rwandais.
Parallèlement au processus de Washington, des négociations sont en cours depuis plusieurs mois entre Kinshasa et le M23, sous la médiation du Qatar. En juillet, les deux parties ont signé une déclaration de principes en faveur d’un cessez-le-feu, qui n’a pas non plus mis fin aux affrontements même si le front s’est stabilisé. « Les mécanismes du cessez-le-feu ont commencé à être abordés », a toutefois assuré Patrick Muyaya, ajoutant que les discussions doivent reprendre « dans les jours qui viennent ».