La liste des reproches de Flora (le prénom a été changé), 22 ans, envers son dernier petit ami est longue. A chaque discussion, elle sentait sa parole remise en question, ses positions invalidées, son engagement féministe tourné en dérision. « Quand je lui parlais des inégalités salariales, il ne me croyait pas ! », s’agace l’étudiante en sociologie à l’université de Louvain-la-Neuve (Belgique). Après trois ans passés ensemble, Flora étouffe dans leur colocation exiguë, lassée de « devoir aider son copain à se déconstruire ».

Au moment de leur rupture, en septembre 2024, la vingtenaire s’interroge : pourra-t-elle ressortir avec un autre homme ? A côté de son lit, les livres d’Alice Coffin, Monique Wittig ou Christine Delphy s’empilent sur sa table de nuit : « J’ai beaucoup étudié l’approche féministe matérialiste [un courant du féminisme qui analyse l’oppression des femmes en partant des rapports matériels et sociaux] et mûri l’idée que l’hétérosexualité est imposée comme norme. »

Peu à peu, Flora se reconnaît comphet – contraction de compulsory heterosexuality. Popularisé par l’essayiste Adrienne Rich, ce concept désigne la manière dont les femmes sont déterminées socialement à désirer les hommes, quelle que soit leur véritable attirance. Pour la jeune Belge, les relations hétérosexuelles apparaissent « scriptées », formatées et « peu épanouissantes ».

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