Avant même les premiers coups de raquettes face à l’Allemagne, samedi 18 octobre, l’équipe de France masculine de tennis de table savait qu’elle partirait de Zadar, en Croatie, avec une médaille européenne. Restait juste à savoir si les Bleus, emmenés par les frères Lebrun et Simon Gauzy, feraient mieux qu’en 2023, à Malmö (Suède), où ils s’étaient parés de bronze. Ce sera le cas.
Les Français, jusqu’alors impériaux dans la compétition, ont sans surprise dû batailler face à une formation forte de trois joueurs dans le Top 15 mondial – Benedikt Duda 8e, Dang Qiu 14e et Patrick Franziska 15e – et présentée comme l’une des favorites pour le sacre continental. L’Allemagne s’est systématiquement invitée en finale de l’Euro sur les douze précédentes éditions du tournoi, avec neuf titres à la clé. Depuis 2010, elle a aussi été le bourreau des Bleus, les éliminant à cinq reprises. Mais ils l’ont fait : Simon Gauzy, Alexis et Félix Lebrun ont déjoué les pronostics, pour s’imposer 3-1.
Alexis Lebrun, 22 ans et 12e joueur mondial, a lancé les festivités face à Benedikt Duda. Le Montpelliérain, qui n’avait jusqu’alors concédé aucun set de la compétition, a cette fois vacillé devant son adversaire, 31 ans. Avec, à l’arrivée, une défaite sèche : 0-3. Puis ce fut au tour de son cadet, Félix, 19 ans, d’entrer en piste. La partie n’a pas été aisée pour le numéro 2 mondial contre Patrick Franziska, 33 ans. Mais il a fini par s’imposer (3-2), brandissant un poing triomphant après la balle de match.
Le doyen de l’équipe, Simon Gauzy, 30 ans, est le moins bien classé du groupe (18e). Mais le capitaine a balayé Dang Qiu, 28 ans, (3-0), donnant ainsi l’avantage aux siens. « Simon m’a fait rêver, il a fait un match de ouf », a réagi Alexis Lebrun au micro de La Chaîne L’Equipe après la partie.
Pour l’emporter, la France devait toutefois s’adjuger une autre victoire. Félix Lebrun est donc redescendu dans l’arène pour affronter Benedikt Duda, l’homme responsable de l’élimination des Bleus aux Mondiaux 2022 de Chengdu. Le médaillé de bronze en individuel à Paris 2024 n’a pas tremblé (3-1) pour offrir à son groupe un duel pour le titre, face à la Slovénie ou la Roumanie (dimanche à 17 heures). La France n’a plus été sacrée dans le tournoi depuis 1998.
« De battre une équipe comme ça, comme l’Allemagne, ça ne m’était jamais arrivé : c’est énorme ! On est en finale des Championnats d’Europe et on veut plus, mais on va évidemment savourer parce que c’était une sacrée rencontre, a expliqué le capitaine Simon Gauzy. Là où je suis très fier de nous c’est que l’on n’a pas démarré de la meilleure des manières. »
« On a montré aujourd’hui qu’on était une vraie équipe, on s’est tous tirés vers le haut : c’est ça qui est super. On a tous mis cette compétition [européenne] en priorité sur notre calendrier. Il nous reste encore un gros match à aller chercher pour atteindre notre objectif (…) mais on arrive en pleine confiance », a ajouté, de son côté, Alexis Lebrun, tout sourire.
Une victoire toute symbolique. Derrière l’affiche de cette demi-finale, se jouait aussi un match de générations, aux airs de passation de pouvoir. Entre des joueurs allemands, trentenaires, et la jeune garde française représentée par les frères Lebrun. Entre une Allemagne qui fut longtemps la référence européenne en tennis de table, la seule nation du continent à avoir défié la toute-puissante Chine en finale des Championnats du monde, entre 2010 et 2022. Jusqu’à cette année 2024, où la France, déjà, lui avait succédé.