Dans la matinée du 1er décembre 1944, l’armée française, qui avait mobilisé 1 200 de ses hommes et positionné des chars autour du camp de Thiaroye, près de Dakar, ouvrit le feu sur les tirailleurs sénégalais qui s’y trouvaient. Leur tort ? Demander le même solde que leurs camarades métropolitains aux côtés desquels ils avaient combattu durant la seconde guerre mondiale.
Le bilan officiel de ce qui fut qualifié de « mutinerie » était de 35 morts. En 2012, face à l’indignation et à la mobilisation africaines, la France, par la voix de son président, François Hollande, requalifia l’événement en « répression sanglante » et, en 2014, réévalua le nombre de morts à 70.
Quelques années plus tard, en 2021, Jean-Yves Le Drian, alors ministre des affaires étrangères, reconnut l’existence de trois fosses communes, sans pour autant en préciser la localisation. Et le président Emmanuel Macron finit, dans une lettre adressée en 2024 à son homologue sénégalais, Bassirou Diomaye Faye, par reconnaître le « massacre », alors que des travaux d’historiens français, comme ceux d’Armelle Mabon (Le Massacre de Thiaroye, Le Passager clandestin, 2024), évoquaient un « mensonge d’Etat » couvrant la disparition d’environ 300 à 400 tirailleurs.