J’ai atterri en Champagne par passion pour les parfums. J’ai grandi dans le Languedoc, de parents professeurs. J’ai toujours été intéressée par la nature, la biologie et par tout ce qui est aromatique. J’ai hésité à me lancer dans une formation de chimiste, pour plonger dans le parfum, à la fois cosmétique et alimentaire. J’ai finalement opté pour des études d’agronomie, à l’école d’ingénieurs de Purpan [à Toulouse].

Puis j’ai eu l’occasion de faire un stage dans une entreprise viticole et ça cochait toutes mes cases : le côté agricole, le lien à la nature, au vivant, à la terre – les mains dans le raisin, la tête dans les vignes, le nez dans les arômes. J’ai découvert tout ce que le vin a de culturel, un produit agricole qui a une histoire incroyable, en lien avec l’histoire de notre pays, de nos religions, de nos sociétés. Je me suis alors orientée vers un diplôme d’œnologue.

Dans ma famille, on a toujours bien mangé, très méditerranéen, avec beaucoup de légumes de saison. La table était un lieu de partage, des grands plats qu’on dégustait à plusieurs. Que l’on prépare des nems (une partie de ma famille a grandi au Vietnam), une soupe au pistou, une tarte aux blettes ou une paella géante, la cuisine était toujours une fête et l’on goûtait ensemble au plaisir des choses simples.

Lorsque j’ai quitté les régions viticoles, je me suis mise à écrire sur le vin. En devenant journaliste, j’ai découvert le monde de la gastronomie, la cuisine étoilée, des niveaux de complexité et de raffinement qui m’étaient inconnus. J’ai compris que la cuisine pouvait être un art, une technicité, à l’instar du vin. J’ai découvert les accords mets-vins, les corrélations aromatiques, la valse des saveurs qui naissent d’un mariage bien choisi.

Aujourd’hui, je suis œnologue pour la maison de champagne Jacquart, je m’occupe des assemblages, du style et de la constance des vins. Le champagne est un vin un peu magique, qui s’est construit dans l’adversité d’un vignoble septentrional, avec des vendanges qui varient et peinent parfois à mûrir, sur une terre qui a connu les invasions, les guerres et s’est transformé en région du vin de fête, de joie et de réconciliation.

J’adore marier un de nos vieux champagnes blanc de blancs avec une tarte Tatin, mon dessert emblématique. La tatin, c’est un dessert à la fois sublime et simplissime. C’est, pour moi, la revanche du bon sur le beau, car on la prépare avec les pommes cabossées, tombées au pied de l’arbre, qu’on coupe en gros morceaux inégaux. Quand j’étais journaliste, j’associais la tarte Tatin aux brasseries parisiennes. Ce sont les pommes mûres qui ont déclenché l’envie de la faire moi-même. Il suffit d’avoir un peu de farine, de beurre, de sucre, des œufs et des pommes, et l’on peut créer ce somptueux dessert qui mêle science, rigueur, saison et intuition, autant d’éléments que je retrouve dans mon métier d’œnologue.

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