« L’autoritarisme a envahi peu à peu tous les échelons de l’éducation nationale depuis deux décennies »

Le gouvernement s’est présenté à la représentation nationale sous le signe de la rupture. Rupture avec des politiques du fait accompli, rupture avec des politiques étroitement autoritaires, rupture avec une pratique du « ce que je veux » au bénéfice de communs sur lesquels une discussion s’esquisse enfin. Au sujet des retraites, un semblant de débat s’est ouvert. Cela reste, à l’évidence, très limité, mais la position du premier ministre, Sébastien Lecornu, tranche avec des années d’autoritarisme brutal.

Or on sait d’expérience ce que cet autoritarisme signifie : la mort pure et simple de toute politique. La politique est un art difficile n’impliquant ni guerre ni assignation de l’ennemi ou du rebelle, mais une pluralité reconnue et respectée des voix, le temps extensif de la délibération, l’écoute attentive des critiques et de l’opposition, et la possibilité d’une réversibilité des décisions. Indispensable et précaire, la politique, au fond, est politesse.

La question que se pose la communauté éducative est de savoir si cette esquisse d’une politique davantage dialoguée va porter jusqu’à elle. En effet, une caractéristique marquante des politiques scolaires, en France, est qu’elles ne font l’objet d’aucune élaboration concertée. A peine en parle-t-on durant les campagnes électorales et, une fois intronisés et nimbés d’une onction présidentielle descendante, les ministres successifs se persuadent que « leur » réforme apportera la solution ultime aux problèmes récurrents de l’école.

De quelques traits de plume s’imposent alors à l’institution scolaire et à ses personnels, et donc à l’ensemble du pays, de profonds changements institutionnels, justifiés par une prétendue exigence de modernité et d’économie, mais déracinés, absents aux savoirs et à ceux qui les dispensent. Adossée à son appareil administratif, chaque nouvelle équipe s’autorise de son « expertise » pour « conduire le changement », toujours réputé « absolument nécessaire ». Petite musique familière, destinée à une exécution sans appel.

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